Je ne suis pas là. Je fête mon premier Thanksgiving du côté de Washington DC. Mais plutôt que de vous narguer avec un jour férié que vous n'avez pas, je vous laisse en compagnie de Jim James, sa veste matinale et son One Big Holiday, impressionnant titre live. Encore une fois, mon contenu éditorial se limite à portion congrue, mais le morceau parle de lui-même. Si vous n'êtes pas d'accord, je m'en fous, je ne suis pas là.
Je suis au courant, le problème du moment, c’est plutôt l’Eire. Mais pendant que les irlandais sont occupés par le foot, les écossais font de la musique. De ce point de vue, et pas uniquement à cause du Loch Ness, l´Écosse est une énigme (au même titre que Manchester et la Suéde). Comment un pays de 5 millions d’habitants, essentiellement remarquable si vous aimez la pluie, peut-il produire un tel nombre de bons groupes de rock ? Dois-je boire plus de scotch pour espérer gagner un peu de talent musical ? Tour d’horizon, de quelques morceaux choisis. Avec un peu d’accent. Et pas mal de guitares.
The Jesus and Mary Chain – Head On Tête la première. Tout rapport avec des évènements récents ne serait que fortuit. The Twilight Sad – And She Would Darken the Memory Protégez vous les oreilles. Pour le bruit. Et éventuellement pour l’accent
We Were Promised Jetpacks – Quiet Little Voices Little Voices ? Quiet ? Pas franchement, non.
Idlewild – You Held the World in your Arms Encore du pop-rock à guitare. Encore un joli accent. Pas de tromperie sur la marchandise, leur best-of s’appelle Scottish Fiction.
Frightened Rabbit – Head Rolls Off Ne vous fiez pas à la musique, les Frightened Rabbit ont pas mal de plaies à panser.
The Phanton Band – Throwing Bones Ça démarre comme un prog rock, version chemise de bûcheron (Black Moutain ?). Avant de partir en chœurs improbables, à la TV on The Radio. Un album étrange, à ne manquer sous aucun prétexte. The Delgados – All You Need is Hate A mi-chemin entre Magical Mystery Tour et le White Album. John Peel ne s’y était pas trompé. Attention, morceau culte
King Creosote – No One Had It Better / You’ve No Clue Do You Magnifique bricolage électro-pop. Un improbable château de cartes, qui s’élève très très haut.
The Beta Band – Dry the Rain Avant que Natalie Portman ne vende des singles de The Shins par camions, John Cusack immortalisait The Beta Band en vendant trois copies de The Three EPs.
Boards of Canada – Roygbiv Méfiez-vous des faux amis. Mogwai – Scotland’s Shame Mais non.
Sons and Daughters – Rebel with the Ghost Le rock binaire, c’est souvent une histoire de famille.
Franz Ferdinand – 40 ft En France, ça aurait donné 12.192 mètres. Tout de suite, ça sonne moins bien.
Primal Scream – Country Girl Mick Jagger a toujours rêvé d’être écossais.
Teenage Fanclub – Alcoholiday Les vacances, version Highlands.
Arab Strap – Dream Sequence Le morceau le plus léger d’Arab Strap ? On vous laisse imaginer le reste.
Belle and Sebastian – She’s Losing It Vous pensiez vraiment y échapper ?
My Latest Novel – I Declare a Ceasefire / All in All in All is All Cessons les hostilités, victoire par KO des écossais.
The Birthday Party kick the shit out of Neil Young in Hendrix' garage.
4 australiens. Des guitares cradingues dans des jams sans fin. Le rythme lent d'un dimanche matin gueule de bois. Une voix aviné qui vomit ses lyrics à la face du monde. Havilah, album de fin du monde.
Et si le morceau précédent ne vous a pas convaincu de la juste présence de The Drones ce dimanche :
Reprise du boulot après deux semaines d'interruption. Un peu pris par le temps. Pas de chronique complète, ça me prendrait des heures pour un résultat décevant. Mais j'ai vraiment envie de vous parler d'Intuit de Ramona Falls. Donc on va faire court.
Ramona Falls, c'est la découverte de la semaine (via Christophe et Thibault). Peut-être même de l'année. C'est pop, expérimental, toujours mélodique, souvent dynamique, jamais chiant. C'est Brent Kopf (Menomena), une idée à la seconde, jamais mauvaise. Pas larmoyant, pas franchement hype, pas rétro, pas déjà entendu ailleurs, il se pourrait qu'on tienne là un des tous meilleurs albums sortis en 2009. En tout cas l'un des plus frais. Et je ne peux que vous conseiller de vous jeter dessus. Si vous ne me faites pas confiance, ou que la pochette ignoble vous repousse, laissez une chance à cet album sur Spotify (je recommande l'enchaînement Clover, Russia, Going Once Going Twice, imparable) On en reparle sans doute à la fin de l'année.
On a souvent dit (moi le premier en me relisant) que l'œuvre de Neil Young était binaire, soit folk, soit électrique. Bullshit. Les plus beaux moments sont entre les deux, On The Beach.
Il y a des albums que je me reproche de ne pas assez écouter. (Well You Know) Stuff Is Like We Yeah!, œuvre des finlandais de 22-Pistepirkko, passé plutôt inaperçu l'année dernière est de ceux-là. Pas facile d'être l'antépénultième album de ma bibliothèque iTunes.
L'album est à l'image de son titre : bancal mais attachant. On a affaire ici à du vrai rock indé, l'original des années 80-90, pas la copie hype version Brooklyn. On pense à Pavement, pour les coupures et les changements de rythme. En moins bordélique.
Un sacré feel-good album en tout cas. Que je me promets d'écouter plus souvent ;-)
Après une longue série de SNY folk/country/americana, je souhaitais revenir à du gros rock qui tâche. A des potards sur 11, des murs d'amplis et des riffs qui sentent la rouille. Mon médecin m'a conseillé de me reposer, ça attendra la semaine prochaine. Et puis, cette semaine, le choix s'imposait de lui-même.
Évidemment, il y a ce titre. Mais il n'y a pas que ça. On The Beach c'est un peu le trésor des fans de Neil. Les chances que vous ayez découvert le Loner par cet album son quasi nulles. La probabilité que vous soyez capables de fredonner la mélodie de la moindre chanson de l'album est sans doute encore plus faible. Pas de riffs de guitare incendiaires, pas de refrains évidents, pas de Heart of Gold, pas de Hey Hey My My. Simplement un disque d'une unité impressionnante et d'une cohérence sans faille.
J'avais d'abord écrit que ce disque était d'une noirceur impressionnante. Mais c'est totalement faux. Ce disque est d'une griseur impressionnante. Il est possible de faire beaucoup plus noir. Mais pas plus gris.
Ambulance Blues, à l'image de l'album est une catharsis. Tout y passe : nostalgie des premières heures (Back in the old folky days. The air was magic when we played.), retour sur les erreurs passées (And there ain't nothin' like a friend. Who can tell you you're just pissin' in the wind. (référence à Elliot Roberts et les batailles d'egos de la période CSNY), faits divers (Navajo trial, Mother Goose et l'enlèvement de Patty Hearst). Un peu de politique même (I never knew a man, could tell so many lies, pour Richard). Les paroles de Ambulance Blues mériteraient sans doute une étude de cas à elles seules, mais contiennent peut-être le meilleur couplet jamais écrit par Neil :
I guess I'll call it sickness gone It's hard to say the meaning of this song. An ambulance can only go so fast It's easy to get buried in the past When you try to make a good thing last.
Arrivé à ce point, je devrais sans doute vous parler de la musique, mais franchement, je ne sais pas trop quoi en dire. A priori, il n'y a rien de franchement remarquable dans Ambulance Blues. Mais on est pas loin du plus beau morceau jamais écrit par le canadien.
Difficile d'expliquer ce qui touche vraiment ici. Impossible de trouver une bonne raison de vous convaincre d'écouter ce disque. Mais si vous m'avez suivi jusque-là, faites-moi confiance et donnez sa chance à ce disque. De préférence un dimanche après-midi pluvieux. Gris.