La vue est trop belle pour ne pas s'arrêter. Samedi soir, Skyline Boulevard. La fourmilière à mes pieds. Pleine lune. Les clignotements des phares sur le Bay Bridge. Rouge en haut, blanc en bas, files ininterrompues d'ouvrières allant et venant.

Une vue à vous faire tourner la tête. Impossible de s'apesantir sur les détails, l'oeil est systématiquement attiré ailleurs. Bizarrement, la "big picture" est tout aussi insaisissable. Too big to make sense? Angel Echoes vient du même tonneau. À peine y repère-t-on un schéma qu'il s'efface. Un son attire mon oreille, j'essaye de m'y attarder, il s'évanouit aussitôt. Ou bien est-il toujours là, mon oreille attiré par un autre, plus brillant ? Je reste là, plusieurs minutes (plusieurs heures ?) hypnotisé par ce spectacle trop grand pour moi.

Dans la voiture d'à côté, transformée en aquarium, on allume l'antidépresseur local. J'ai ma drogue à moi. Ce soir, elle s'appelle Four Tet.

Si ce sont les échos des anges, ils doivent bien s'amuser là-haut.


Sur le même sujet, en mieux.

C'est de loin le meilleur clip de l'année (j'aime porter des jugements hâtifs) et la chanson est au niveau. Elle est l'oeuvre des français de Hold Your Horses, à qui l'on souhaite un destin à la OK Go (pour la vidéo). (via La Blogothèque)


Mes excuses aux personnes qui sont venues visiter la Californie cette semaine et sont reparties comme d'un séjour en Bretagne. Les arbres ont beau déjà être en fleurs, ça n'arrête pas les averses.
Pris par l'une d'elles cet après-midi, je suis derechef (et un mot désuet, un) allez me réfugier chez mon disquaire préféré. Après avoir récupéré quelques merveilles je fais un petit tour anodin vers les clearance sales. Et là, je tombe nez à nez avec l'affaire du siècle. Cold House de Hood, pour $1.99. Trois exemplaires. J'ai pris les trois.

Pourquoi trois ? Alors que j'en possède déjà un exemplaire. C'est que l'on a quand même affaire à l'un des albums de la décennie là (celle que tout le monde a voulu clôturer un an trop tôt). Et ce n'est pas moi qui le dit. Je trouverai bien des amateurs.

Le fait que je l'ai trouvé un jour de pluie, n'est pas une coïncidence. Ce disque déteste le soleil. Il aime le froid, la pluie, le vent, la nuit. Et vous les ferait presque aimer.



Les canadiens sont vraiment sympas. On publie un ou deux articles et hop, ils nous remercient. Avec un nouveau morceau pour Broken Social Scene et une vidéo pour Odessa, l'un des titres les plus hypnotiques de ce début d'année, chez Caribou.




The Thermals s'associent eux aux efforts de la Pomme de Pin pour faire un peu de publicité à ce petit pays dont personne ne parle en ce moment, avec un morceau sobrement intitulé... Canada.

Comme promis, Pomme de Pin, accueille un nouveau rédacteur. Ou plutôt une nouvelle rédactrice : Nicole, envoyée spéciale permanente (?) au Canada. Vous pouvez retrouver l'article en version originale juste en dessous. Et vous pouvez souhaiter la bienvenue dans les commentaires.  
Paul

Paul m’a demandé d’écrire pour PdP après avoir vu (que dis-je, vécu) un concert de Do Make Say Think et enfin realisé qu’il y avait un truc avec la musique canadienne – quelque chose de plutôt difficile à expliquer, une sorte de son distinctif – une saveur immédiatement reconnaissable. Je ne dis pas ça uniquement parce que c’est de là que je viens : deux fois au cours de mes voyages l’année dernière (pour une raison inconnue, les deux fois dans une librairie), je me suis retrouvé à demander l’origine de morceaux qui sonnaient canadiens… découvrant à cette occasion Bruce Peninsula et Clues (le premier nommé en Italie, le second en Croatie).

Anyway, je vous souhaite la bienvenue sur Feuille d’érable (NDLT : nous attendons vos suggestions pour un meilleur titre), une nouvelle rubrique à parution régulière/irrégulière (NDLT : Si la traduction est prise en compte, je vote pour la deuxième option) sur le son du Grand Nord, fier et fort (j’ai l’impression qu’il faut défendre l’honneur de mon pays après cette ridicule cérémonie d’ouverture des JO…).

L’indie-rock canadien est une grande famille (la blague dit que la population canadienne tout entière fait partie d’un groupe géant) et nous vous invitons, chers lecteurs, à en faire partie. Pas de videur à la porte. Entrez et venez vous réchauffer.

Mon premier billet présente fièrement Southern Souls, récent bijou du web, ni plus ni moins que notre version des Concerts à Emporter de la Blogothèque. Je ne sais pas si je peux vous offrir de meilleure description que celle donnée par le site :
"Southern Souls collects performances of the most prolific active musicians from (mostly) Southern Ontario in out-of-character locales. Every street, park, or city bus is a potential venue. Inspired by La Blogoteque's Take Away Shows, and Just So's Black Cab Sessions- it aims to show that music (and its makers) are everywhere."
Pour vous aider à naviguer parmi la myriade de clips proposés, j’en ai choisi 2 pour le plaisir de vos yeux (et oreilles), en espérant de vous donner envie de plonger plus profondément dans ce que le site a à offrir.




Vous ne trouverez pas plus canadien que ça : neige, chemises à carreaux et musique parfaite. The Elwins sont une bande de jeunes gens polis et adorables, pépiant joyeusement tandis que tournent autour d’eux patineurs et flocons de neige – une sorte de boule à neige indie ou de carte de vœux musicale. Leur son est enjoué et plein d’entrain, comme un single pop des 50’s (le titre Larry Pastorus est accompagné des sifflements réglementaires), à l’image des attachantes harmonies entre Matthew, le chanteur et Heather, invitée pour l’occasion (en temps normal, le groupe se compose uniquement des trois garçons). Il y quelque chose de définitivement rétro dans les mélodies simplistes de The Elwins, me rappellant Voxtrot ou Math and Physics Club, avec une touche de The Shins. Ils viennent de Newmarket, juste à côté de Toronto et ne sont pas encore signés, mais pour ces trois sympathiques garçons, le futur semble aussi joyeux et ensoleillé que leurs chansons.





Spécial dédicace à Paul (et accessoirement l’un de mes clips préférés de Southern Souls) : The Rest est un groupe très important pour moi : non seulement parce qu'ils proviennent de ma ville natale de Hamilton mais aussi parcequ’ils furent mon premier concert. J'ai entendu Innocent Fools et ce fut le coup de foudre. Celle-ci est indubitablement la plus calme de leur répertoire et donc pas forcément représentative (le leader Adam Bentley est surtout connu pour son chant à plein poumons), mais régalez-vous quand même, tout est dans l'atmosphère, l'atmosphère...



À lire aussi : Chronique de The Rest - Everyone All At Once

Paul asked me to write for Pomme de Pin after seeing (nay, experiencing) a Do Make Say Think performance and finally realizing (;)) that there's just something about Canadian music - impossible to explain, but somehow it has a distinct sound all its own, a recognizable flavour. I attest to this not only because I'm from there and biased, but twice during my travels last year (for some reason it always happened in a bookshop) I inquired about what was playing if it sounded Canadian, without knowing the band... and that's how I discovered Bruce Peninsula and Clues (the former in Italy, the latter in Croatia - random!)

Anyway, that was a long-winded welcome/bienvenue à la Feuille d'érable, a new! regular/irregular column featuring the beautiful songs and sounds of the True North strong and free (I may or may not feel the need to salvage my country's dignity after those ridiculous and embarrassing Opening Ceremonies...o_0). Canadian indie is like one big happy family (there's a joke about the population of Canada being in one giant band) and now you, cher lecteurs, can be a part of it. We don't discriminate. Come on in and warm up, eh?

My first post proudly presents Southern Souls, a recently inaugurated gem of a site that is basically our version of La Blogothèque. I don't think I can offer a better description than the one on their website:
"Southern Souls collects performances of the most prolific active musicians from Southern Ontario in out-of-character locales. Every street, park, or city bus is a potential venue. Inspired by La Blogoteque's Take Away Shows, and Just So's Black Cab Sessions- it aims to show that music (and its makers) are everywhere."

Voilà donc. J'ai choisi 2 clips pour le plaisir de vos yeux (et oreilles !), mais il vaut bien quand même découvrir le site vous-mêmes : www.southernsouls.ca




Well, it doesn't get much more Canadian than this: snow, plaid and brilliant music. The Elwins are adorable and polite, chirping away cheerfully as ice skaters and snowflakes swirl around them - this video is like a cute indie snowglobe or some kind of musical holiday card. Their sound is upbeat and bubbly, like a catchy 50's jingle (the track Larry Pastorus is complete with requisite whistling) with endearing harmonies between lead singer Matthew and Heather who makes a guest appearance (the band is normally composed of just the three guys). There's definitely something oldies about The Elwins' simple melodies, they kind of remind me of Voxtrot or Math and Physics Club with a touch of The Shins. Hailing from Newmarket (just outside of Toronto), these friendly folks have yet to be signed but the future is looking as bright and happy as their tunes!






This one is for Paul (it also happens to be my favourite Southern Souls video for the moment). The Rest is an important band for me; not only because they’re from my hometown of Hamilton but they were my first REAL concert; we go way back... At that show, I heard the original EP version of Innocent Fools and something just happened, something clicked and I understood. This one is undoubtedly one of The Rest’s quieter songs and so it’s a bit misleading (frontman Adam Bentley is especially known for really belting it out) but please enjoy the video anyway ; it’s all about the atmosphere…

Je n'ai jamais mis les pieds en Ontario. Pourtant je pense connaître plus de groupes dans cette région que dans n'importe quel autre partie du monde. Pas n'importe quels groupes : des bons, beaucoup, des inoubliables, plusieurs.
Tous semblent partager une caractéristique commune : des chansons "bigger than life", entre joie d'être en vie et envie d'en profiter coûte que coûte - ça pourrait ne pas durer. "Il chante comme si sa vie en dépendait" est un vilain cliché auquel il convient de tordre le cou, mais auquel on ne peut s'empêcher de penser pour un certains nombres de ces artistes.

Prenez l'exemple de The Rural Alberta Advantage : qui aurait pu penser que vanter les avantages de grandir dans un petit village reculé puisse être si excitant ? Les titres les plus épiques de Hometowns (Drain the Blood, Frank AB, Dont' Haunt This Place) sont joués comme si le Canada menaçait d'être rayé de la carte dans la minute qui suit. Les détracteurs de cette catégorie d'indie rock y trouveront du grain à moudre, on se réjouira que les canadiens aient remis au goût du jour l'adjectif épique, cloué au pilori après trop d'années de symphonies progressives. Même à la guitare acoustique, leur reprise de Eye of the Tiger vous pousserait à attaquer un hippopotame à mains nues.







Comme Broken Social Scene en a profité pour révéler les détails de son nouvel album et Do Make Say Think pour me retourner la tête, en bon journaliste d'investigation (...), j'ai décidé d'en savoir plus. Quelques chose dans l'eau de la région ? Des retombées radioactives ? Des araignées mutantes dont la piqûre vous transforme en musicien ? J'ai donc recruté une envoyé spéciale en Ontario pour mener l'enquête. Scoops et révélations à venir. Stay tuned!


A chaque fois, c’est la même histoire : journée pourrie, salle de concert à plus d’une heure porte à porte, coup de flemme, coup de fatigue : j'y vais, j'y vais pas ?

La question s’était déjà posée plusieurs fois. La veille par exemple. Après quelques tergiversations, je m’étais décidé à me traîner jusqu'à cette salle de concert, au milieu du quartier le plus pourri de San Francisco. Ayant évité plusieurs fois de me faire agresser en chemin, j’arrive devant la salle. Là, personne. Le panneau annonce fièrement : Do Make Say Think, Tue. Un lundi soir. Et merde.

Mardi soir, donc : ma motivation est encore plus basse que la veille, mais un semblant d’orgueil (et le billet déjà payé à retirer au guichet) me pousse quand même à retourner au Great American Music Hall.

Bien m’en a pris. À chaque fois c’est la même histoire, je prends une énorme claque.

On pourra arguer sur la sur utilisation de la métaphore dite du « dans ta face », mais dans le cas de Do Make Say Think, l’implication physique est bien réelle. Un mur du son sur lequel vous pourriez vous appuyer, qui vous enserre comme une nasse pour ne plus vous relâcher, des crescendos qui font se dresser tout ce que votre corps compte de pilosité sur tout ce qu’il a d’épiderme, puis une envie compulsive d’acheter tous leurs disques à la sortie.

Le blog San Franciscain Spinning Platters l’écrit très bien (et je reprends lâchement), la formule Do Make Say Think est simple et plus ou moins toujours la même : « construire un morceau autour de riffs répétés, de plus en plus intense, de plus en plus fort. Empiler les instruments des 9 personnes sur scène. Jouer toujours plus fort, jusqu’à ce que vous ne pouviez plus jouer plus fort, puis montez le volume. Continuez à construire, encore et encore, jusqu’à atteindre un gigantesque paroxysme ».



Évidemment, c’est plus ou moins la même chose pour chaque groupe de post-rock. A chaque fois, on se dit que cette fois on ne va pas se faire avoir, qu’à nous on ne le fait plus. Et comme l’année dernière sur album avec The Other Truths, on est encore pris au dépourvu par la maîtrise totale de la recette par les Do Make Say Think, qui arrivent à allier perfection technique et décharges émotionnelles dans un seul et même crescendo.

Do, morceau inaugural de The Other Truths sonne le début d’une charge qui ne connaîtra pas de temps mort. Make et Say y passeront aussi, avant que le groupe n’accélère la cadence avec une série de titres plus courts, frénétiques et quasiment dansants. Sur Executioner Blues ou Horns of a Rabbit, les jambes et le public s’emballent et la réponse physique aux charges sonores de DMST se fait encore plus forte. Le retour à la réalité, via un encore plus calme, est presque dispensable, mais loin de gâcher un concert exemplaire, preuve supplémentaire qu’il est parfois bon de faire l’effort de sortir de chez soi pour pleinement apprécier la musique.

Lorsque l'un des plus grands groupes lives en activité (pas convaincus ? allez immédiatement voir Ashes of American Flags, c'est un ordre) reprend le plus grand songwriter en activité (désolé Bob), ça se passe généralement de commentaires.





Lire aussi : SNY #32 - Broken Arrow

Plutôt que des remix inutiles par des gros noms (chiant par ici, méconaissable par là), je préfère souvent un original éxécuté à la perfection. Surtout lorsqu'il s'agit de The Notwist.







Excuses en session pour Yours Truly, nouvelle démonstration de magie par The Morning Benders.

Musique de stade ?


Dans la confrérie des groupes fâchés avec la géographie, je demande A Sunny Day in Glasgow, originaires de Philadelphie. Comme il fait toujours beau à Philadelphie, on les excusera de la confusion. On leur pardonnera aussi grâce à Ashes Grammar, très bel album sorti l'année dernière, où leur dream pop se joue des codes et de la division en plages et invoque le fantôme des Cocteau Twins. Les 22 titres pouvant éventuellement provoquer une overdose de rêves cotonneux, vous pourrez bientôt (re)découvrir ces faux écossais sur l'EP Nightime Rainbows dont est extrait ce So Bloody So Tight.




Ashes Grammar sur Spotify

Heaven or Las Vegas?

Dans la liste de mes albums préférés de 2008, The Midnight Organ Fight de Frigthened Rabbits et son contraste marqué entre morceaux pop-rocks enjoués et paroles glauques tendance masochiste aurait figuré très haut si je m'étais donné la peine de le publier.

The Winter of Mixed Drinks reprend les mêmes et recommence. Trois extraits ont déjà percé. Nothing Like You, dont le tempo effréné cherche encore à masquer un mal plus profond. Même constat pour le premier single Swim Until You Can't See Land au titre suggestif.
"She was not the cure for cancer / And all my questions still asked for answers / But there is nothing like someone new / And this girl was nothing like you."


Un troisième Living in Colour, disponible en enregistrement live à la BBC, diffère lui aussi légèrement de son quasi-homonyme en confiture.

En attendant, mon foie aimerait se battre contre vos poumons.


A number of small things. C'est le titre de la boutique en ligne du label allemand Morr Music. Et difficile de trouver une meilleure description de la musique de ses artistes. D'immenses mrceaux, faits de petits riens. Rien qui ne dépasse mais une émotion construite sur ces petits détails et qui sans faire de bruit laisse des traces indélébiles

J'ai déja dit, dans les premières heures de ce blog tout le bien que je pensais de The Notwist, qui m'avait amené à découvrir les non-moins fabuleux Lali Puna et Ms. John Soda (que vous pouvez retrouver en playlist).

En 2010, Morr Music s'apprête à gâter ses fans. Démonstration en 4 étapes.





Lali Puna

Commençons par Lali Puna, qui reviennent le 1er avril, avec Our Inventions. Un premier titre est en écoute et en téléchargement et laisse espérer un digne successeur à Faking the Books ou Tridecoder.


The Go Find

Plus proche de nous, le belge Dieter Sermeus, alias The Go Find, nous offira Every Knows It's Gonna Happen Only Not Tonight le 14 février. Si commencer un titre par Everybody Knows ne doit pas être pris à la légère, l'album, en écoute intégrale chez Magic et dont est extrait le It's Automatic ci-dessous semble mériter cette lettre de noblesse.






Electric President

Le 23 février, Electric President, projet parallèle de l'excellent Ben Cooper, alias Radical Face (dont Erwan disait le plus grand bien dès 2007) délivrera le 23 février un Violent Blue qui, si l'on en croit les tuyaux percés d'internet, s'annonce de qualité, dans la lignée des productions de Styrofoam ou de The Postal Service. Techniquement l'album ne sort pas chez Morr Music, mais c'est tout comme.

Seabear

Enfin, après une excursion en solo sous le nom de Sin Fang Bous, revient en 2010 du côté de Seabear avec We Built a Fire en mars. Et vu la qualité du catalogue du label, je suis prêt à faire confiance à Morr les yeux fermés.

I want Morr!


Sans concertation : I Left Without My Hat parle aussi de Morr Music et Seabear et en dit évidemment le plus grand bien

A presque 60 ans, vous avez à peu près fait le tour de la question. La gloire, la chute, la drogue, le retour en grâce, vous avez tout connu. Vous vous êtes déjà fait virer par votre label, ignoré par une génération, adulé par la suivante. Il vous reste encore votre intégrité, mais celle-ci vous avez décidé de la garder. Pas de Superbowl, pas de pub pour Budweiser. Les tabloïds ? Ils vous pensent morts depuis longtemps. Que manque-t-il à votre carrière ?

Un opéra rock bien sûr !


1200 morceaux and counting. Trois jours de musique. Le tout uniquement à base de covers. C'est le genre d'expériences un peu folles que permet Spotify et que propose le cerveau un peu fou de MrOlivier, l'homme (les hommes ? le Monsieur a une petite tendance à la schizophrénie) derrière le succulent Where Is My Song?


Si vous aimez les reprises, si vous aimez les surprises, c'est la playlist qu'il vous faut. Et vous pouvez même participer.

Juste avant son départ pour sa tournée française, j'ai eu la chance de rencontrer Emily Jane White dans un petit bar de San Francisco où elle jouait le soir-même. Beaucoup de stress pour une première interview, mais Emily avec sa gentillesse et sa bonne humeur a rendu les choses facile.

Bonjour Emily. C’est ma première interview en anglais donc je te prie de m’excuser si ça devient pénible.

Pas de problème. J’aimerais que mon français soit assez bon pour que l’on puisse faire l’interview en français.

Ce soir, tu joues dans un petit bar à San Francisco, mais la semaine prochaine tu pars pour la France. Tu y connais un succès plus important que dans ton propre pays. Comment expliques-tu cela ?

(Rires) C’est lié à la manière dont est sorti mon premier album. Je n’étais pas connue du tout et il est sorti avec une forte exposition en Europe. En fait, il n’a jamais bénéficié d’une forte promotion ici (NDLR : aux États-Unis). Je dois toujours publier mon second album ici. Ce devrait être fait en avril.

Quel label ?

Ce n’est pas encore finalisé… mais il sera publié en avril. J’ai eu cette opportunité de tourner en Europe et au final ça a pris une bonne partie de mon temps. Entre ça et l’enregistrement de mon second album… C’est lié à la manière dont les choses se sont passées.

La plupart de tes chansons font référence à des femmes du passé. C’est apparemment lié à tes études. Peux-tu nous en dire plus ?

J’ai fait mes études en « women studies ». Je m’intéresse beaucoup au récit qui parlent de protagonistes féminins. L’un de mes livres préférés, Wuthering Heights (NDLT : Les Hauts de Hurlevent) par Emily Jane Brontë est un bon exemple du type de récit dont je parle dans ma musique. Il n’y a pas que ça cependant. Pour être plus spécifique, il faudrait parler de chansons en particulier.

T’identifies tu à certaines de ses femmes ?

Je vois ce que tu veux dire. Je pense que ma musique, ce dont j’ai décidé de parler, est vraiment intemporelle. Je ne fais pas beaucoup de référence au présent. Certaines choses sont un peu inexplicables et pour certaines raisons, je suis vraiment attirée par certaines choses et ce n’est pas intentionnel. Je pense qu’en tant que féministe, en tant que quelqu’un qui a étudié le féminisme, il n’est pas possible de ne pas s’identifier avec le rôle d’une femme à différente période de l’Histoire, ni de le comparer avec aujourd’hui. En même temps, je m’intéresse à d’autres sortes d’histoires, comme celle de la culture féminine. […]

Tu viens de dire que tes chansons étaient intemporelles, mais dans la chanson Victorian America, tu fais référence à des personnes perdant leur maison en Amérique ou à une inondation sur la Nouvelle-Orléans. Essaies-tu de faire référence à des événéments récents ? D’être plus politique ?

C’est vrai. Il n’y a pas vraiment d’affirmations claires à propos de ces chansons, mais plutôt deux choses qui m’intéressaient vraiment au même moment. D’un côté, il y avait l’ouragan Katrina et la politique. De l’autre, je lisais ce livre sur la culture victorienne aux Etats-Unis, qui est vraiment fascinante, particulièrement d’un point de vue féminin. C’est ce sur quoi je me concentrais, ça et toutes les restrictions qui existaient, les lois sociales, etc. Ce que j’ai remarqué, c’est que sur ces deux sujets, il y avait beaucoup de choses dont on ne parlait pas vraiment et qui étaient totalement injustes. C’est pour ça que j’ai écrit cette chanson.

A l’époque, tu décrivais la musique de Dark Undercoat comme simpliste. Pour Victorian America, tu es passé à quelque chose de plus orchestral. Comment en es-tu arrivée là ? Est-ce que ça a changé la manière dont tu écris de la musique ?

Ça n’a pas changé la manière dont j’écris ma musique car j’ai écrit toutes les chansons sans aucune orchestration. Je n’ai co-écrit aucun des nouveaux morceaux. Tout était écrit avant que je l’amène à ces gens. Ensuite, ils ont composé toutes les parties autour de ce qu’avais écrit. Ça n’a donc rien à voir avec la manière dont j’ai pu écrire ces morceaux. Mais je vois ce que tu veux dire, car le son est vraiment différent de celui de mon premier album. Avec lequel j’étais contente. Je suis contente que les deux albums soient vraiment différents.

Quand tu essayes d’inclure trop d’orchestration, il est possible de se perdre. Avec ton album tu donnes l’impression de ne pas perdre ton objectif de vue et il sonne comme s’il avait été créé en une fois. Comment expliques-tu cela ?

Mon explication à cela est que nous avons travaillé très dur sur l’arrangement de ces chansons afin qu’elle soit adaptée à l’original. Je suis contente que tu dises ça et je pense que les membres du groupe seraient aussi très satisfaits. Je pense que ce que tu recherches, ce sont des arrangements qui soient appropriés à la chanson et qui autorisent les parties vocales et les subtilités de l’original et tu travailles dur pour que tout cela soit perceptible de manière à rendre justice aux morceaux originaux. J’ai l’impression que nous avons réussi. C’est bon à savoir.

A la fin de Victorian America, tu t’essaies à des sons plus électriques, à la guitare par exemple. Est-ce que tu aimerais explorer ça plus en profondeur à l’avenir ?

Oui. J’aimerais faire quelquechose de vraiment différent. Je pense que mon prochain album sera extrêmement différent.

Vraiment ?

Disons que ce sera certainement différent du premier et du second, mais pas non plus totalement différent, comme un album de dance ou un album de métal.

Tu travailles donc déjà sur ton troisième album ?

Oui, je travaille sur les démos.

Quand peut-on espérer une sortie ? En France au moins.

(Rires) Je ne sais pas encore. J’aimerais savoir, mais pas encore.

Tu viens de Californie, mais quand j’écoute tes chansons, pour moi, ça sonne plus comme d’autres parts des Etats-Unis, comme le Midwest ou la Louisiane. Pas vraiment californien. Qu’en penses-tu ?

C’est intéressant. Je pense que certaines personnes diraient que certaines choses sont justement très californiennes. Peut-être que de ton point de vue, venant d’Europe, ça te paraît comme cela car il y a probabelement des différences subtiles, des nuances, que tu ne peux pas voir. Mais je peux comprendre cela.

Un exemple de quelque chose de très californien dans ta musique ?

C’est une bonne question, après tout ce que je viens de dire. Ma ville natale en particulier. J’ai grandi dans une ville très isolée en Californie du Nord et ça a beaucoup à voir. Ça a, en quelque sorte, formé ma conscience. L’atmosphère que je cherche à refléter a beaucoup à voir avec l’endroit où j’ai grandi.

Malgré le fait qu’ils ne soient pas familiers avec les endroits que tu y décris, pourquoi penses-tu que les français aiment tes albums ?

C’est quelque chose qui m’intrigue, mais je pense que pour certaines raisons… J’ai vécu un moment en France (NDLT : à Bordeaux), donc mes spéculations sont – c’est peut-être complètement faux – que la culture française et les français ont plus d’appréciation pour l’art qui évoque les parts d’ombre, le côté sombre de la vie. Vous avez des poètes célèbres comme Baudelaire, des gens comme ça qui parlent de choses très sombres. J’imagine que beaucoup de français qui écoutent ma musique ne comprennent pas les paroles, mais ils peuvent comprendre le sentiment, l’humeur et l’atmosphère. Ma musique est morose et atmosphérique et je pense que culturellement les français ont plus d’appréciation et de connection pour ce genre de musique. Je ne sais pas si tu es d’accord avec moi, c’est une affirmation assez générale.

Je sais que tu préfères parler de ton travail plutôt que de celui des autres, mais peux-tu nous recommander quelques artistes de la Bay Area (NDLT : la région de San Francisco) ? Il me semble que tu en mentionnes certains dans les notes de ton dernier album.

Ceux-là définitivement (NDLT : Or, The Whale, Chris Garneau, The Spindles, Lonely Drifter Karen). Les groupes qui jouent ce soir (NDLT : The Devotionals et Foxtails Brigade) et aussi Jen Grady, qui joue du violoncelle dans mon groupe. Elle joue aussi solo et elle est vraiment extraordinaire. Elle joue beaucoup dans la Bay Area. Elle est vraiment merveilleuse.

En France, des groupes, des artistes que tu aimes ?

Mon ami Julien Pras. Il va assurer mes premières parties pour la tournée à venir. Il a écrit un excellent album solo qui devrait sortir dans les semaines à venir (NDLT : 1er mars). Il fait aussi partie d’un groupe appelé Calc, qui est vraiment bon.
Il y a en tellement. (Rires). Difficile de répondre comme ça.

Ta tournée européenne commence la semaine prochaine. Des plans après ça ?

Je vais probablement enregistrer et peut-être aussi tourner encore un peu

Ta musique et tes paroles sont très sombres. Es-tu une personne sombre dans la vraie vie ? Tu n’en as pas vraiment l’air.

(Rires) Non. Pas vraiment. Je pense qu’il est difficile de définir la noirceur. Il y a plusieurs types. Il y a la noirceur et il y aussi la morbidité et beaucoup d’autres choses que je n’associe pas forcément avec la noirceur. Je dirais que je suis une personne contemplative, mais pas forcément sombre.

Je suis à court de questions. Quelque chose que tu voudrais dire en particulier ?

Je suis très excitée à l’idée de tourner en France et je suis très heureuse. La tournée sera avec tous les musiciens qui jouent sur l’album. Cela ne sonnera pas exactement comme l’album, mais nous jouerons ces morceaux comme ils sont sur l’album.

Tu joues seul ce soir ?

Non, je joue avec la violoniste et la violoncelliste qui jouent sur mon album

Et pour la tournée à venir ? Tu emmènes d’autres musiciens ?

Oui. Il y a la violoniste, la violoncelliste et aussi mon ami Henry qui joue du pedal-steel et de la guitare électrique. Il y a aussi la batterie. Et en fait Julien Pras, qui jouera en première partie, jouera aussi de la basse dans mon groupe.

Même groupe que l’année dernière ?

J’ai déjà tourné avec tous ces gens, mais jamais tous en même temps.

Bonne chance pour la tournée à venir.

Merci et merci pour l’interview.

Merci à toi pour l’interview !


J'ai une affectation toute particulière pour le webzine Millefeuille (pour le gâteau aussi, mais c'est une autre histoire). Avec Indiepoprock et Pinkushion, ce site est lié à ma découverte du rock. Lorsque, autour de 2004, je ne disposais d'une connexion internet qu'une fois toutes les deux semaines et qu'il me fallait choisir de quoi remplir mon baladeur mp3 (le regretté iRiver iHP-140). J'ai construit ma culture musicale à partir de ces webzines. Parmi les centaines de groupe que j'ai pu découvrir grâce à Millefeuille, non des moindres, Sonic Youth et Built to Spill. Le top d'Éric F. est sans doute ce que j'ai trouvé de plus proche de moi parmi l'avalanche de fin 2009.

C'est donc avec le plus grand plaisir que je relaye à leur demande l'annonce du premier Festival Millefeuille, les 21 et 28 février, du côté de Bastille. C'est totalement gratuit et ces gens-là ont très bon goût. Profitez-en !


Le 21 février 2010, à partir de 19 h
Every Man has Your Voice (Folk-nostalgia-pop)
Fuck Me Baby (DIY - rock)
Texas In Paris (Country-rock)

Le 28 février 2010, à partir de 19 h
Yellow6 (Ambient-minimalisme)
Felicia Atkinson (Ambient-folk)
Silencio (Ambient - électronique)



Et pour finir, puisque le nom du webzine vient de là :





Délicieuse photo par Jean-François Arnaud

Invités du premier épisode de ma rubrique californienne, les Sleepy Sun enregistrait récemment une session live du côté d'Oakland, chez The Bay Bridged. A écoutez si vous avez apprécié les sonorités psychés rocks 70's de leur Embrace




En écoutant la musique de Bowerbirds, on pourrait s’attendre à se retrouver sur scène face à une bande de bûcherons hirsutes portant fièrement la chemise à carreaux. Ça tombe plutôt bien : des 4 membres du groupe seule Beth Tacular, l’accordéoniste, n’exhibe pas une belle barbe fleurie. On ne lui en voudra pas.

Pour la musique aussi, les Bowerbirds restent fidèles à eux-même, offrant exactement ce que l’on attend d’eux, à savoir un joli moment de communion avec un public tout aussi barbu qu’eux. Pas de surprises mais un bel engagement derrière leurs ballades folk pastorales. L’accordéon de la belle Beth donne un air balkanique à certains morceaux. Les harmonies vocales, tendance Crosby, Stills & Nash (ou Fleet Foxes, selon la génération), dégagent une belle émotion et les meilleurs morceaux de leurs deux albums (In Our Talons, Olive Hearts, Northern Lights, Chimes) offrent de jolis sommets. Rien d'éblouissant ou d'inoubliable mais une prestation réjouissante et de jolis sourires à la sortie.

D'autant que peu avant, Julie Doiron avait offert une première partie de l’espace. Un show touchant de minimaliste : deux guitares, deux minuscules amplis, une pédale perdue en cours de tournée. Entre faux départs et crises de fous rires, une Julie visiblement fatiguée mais hilare de bout en bout envoie son guitariste à la batterie ou raconte ses mésaventures au public, en n’oubliant pas d’offrir quelques jolies comptines lo-fi à un public parfaitement réceptif.

Une soirée qui donnerait presque envie de se laisser pousser la barbe.

17 janvier. Encore embrumé dans le jet-lag, j'ai eu la chance de rencontrer Emily Jane White dans un café de San Francisco où elle jouait le soir-même, peu avant son départ pour une tournée sur le vieux continent. Première interview en anglais. Première interview tout court. D'une artiste dont je suis résolument fan. Beaucoup d'excitation, pas mal de stress et au final une rencontre très agréable avec une artiste vraiment sympathique.

En raison de l'abondance de neige sur les pistes de ski californienne, la traduction est toujours en cours. Je souhaitais néanmoins vous en faire profiter (en version originale donc), avant son concert de ce soir à l'Alhambra, pour lequel vous avez, j'espère, tous des tickets.


Tonight you’re playing in a small bar in San Francisco but next week you’re leaving for France. You’re having quite a critical success there, apparently more than in your own country. How would you explain that?

That's mainly the way it was released. I hadn’t been known at all and then it was released with a lot of exposure, particularly in Europe. So what happened is that I never released the record with strong promotion. And then I have still to release the second record here. It’s gonna be released in April.

On which label?

Well, it’s not totally finalized yet, but it will be released in April. But I mean, that’s the reason why. And since I had such an opportunity to tour in Europe, it ended up consuming most of my time. Between that and recording my second record… that was what happened. It was sort of the nature the way things went.

Most of your songs seem to relate to women from older times. Apparently it relates to your studies. Can you tell us more about it?

I studied women studies. I’m interested in narratives that talk about female protagonists and particularly like, for example, one of my favorite books is Wuthering Heights by Emily Jane Brontë and that’s, you know, kind of a good example of the type of narrative I talk about in my music. It’s not everything though. I mean if you wanted to know more specifically, we probably would have to talk about specific songs.

Do you identify to some of those women?

I think that my music is really timeless, what I choose to talk about. I don’t add a lot of modern day references. Some of those things are a little bit inexplicable and there are, for some reasons, some things that I’m really drawn to and it’s not intentional. I mean, I think, as a feminist and someone who studied feminism, there’s no way with which you can’t identify with a women’s role at different time periods and compare it to sort of a present day. So that’s a really simple answer to that.

You said that your lyrics were sort of timeless but in the song Victorian America, you talk about people losing their home in America or a flood taking New Orleans. Are you trying to connect with recent events or trying to get a little bit more political?

True. There isn't really like a basic statement about this songs, but eventually it was two things that I was really interested in at the same time. I mean, one thing that was happening, was this catastrophy of hurricane Katrina and politics and the other is that I was reading this book about Victorian culture in the US, which is really fascinating and particularly on a women's perspective, that's what I was focusing on and all the oppressive restrictions like social laws and things like that and what I sort of tapped into with both of those topics is that there's a lot of things that weren't really talked about, that were really being unjust. And that's why I wrote the song.

At the time, you described the music in Dark Undercoat as simplistic. For Victorian America you switched to a more orchestrated kind of music. How did it come? Did it change the way you write music?

It didn't change the way I write music because I wrote all the songs with no orchestration to them at all. I didn't co-write any of the the original material that I sing or play on guitar or pioano. That was all written before I brought it to these people. And then they wrote all the parts around what I wrote. So it doesn't have anything to do with the way I wrote these songs. But I can see how you can think thaht, because it's a really different sound from the first record. Which I was happy about. I was happpy that the two records were really different.

Sometimes when you try to get a lot of orchestration, you can get lost. The good thing with your record is that you don't seem to lose sight. You came with those songs and then people wrote music on it, but in the end it sounds like it was created in one piece. How would you explain that.

My explanation for that is that we all worked really hard on arranging the songs so that they were appropriate for the original. That makes me happy that you say that actually and I think my bandmates would be very pleased as well. I think then you go into arrangements that you feel are appropriate for the song, that allow the vocals and the subtleties of the original material and you work hard to make it perceptible in a way that does justice to the original songs. And I feel like we succeeded on that. It's good to know.

At the end of Victorian America you try more electric sounds, like electric guitar. Is that someting you would like to go further into?

Yeah, I would like to do something really different. I think my next record is gonna be so extremely different.

Really?

Well, it's certainly gonna be different than the first and the second one but it won't be like so different like a dance record or a metal record.

So, you're already working on your third record?

Yes, I'm working on demos.

When shoud we expect for a release? In France at least.

(Rires) I'm not sure yet. I wish I knew, but not yet.

You're from California, but when listening to your song, for me it sound more like other parts of the US: the Midwest, Louisiana... Doesn't sound that Californian to me. How would you explain that?

Woah that's interesting. I think there are probably people that would say that there are certain things about it that are very californian. But maybe from your perspective with being from Europe it seems that way because there's probably subtle differences, nuances, that you can't see but I can understand that.

So what's really californian about your music?

That's a good question, after I just said all of that. One thing in particular is my hometown, because where I grew up is a very isolated town in northern California and that has a lot of do. It kind of shaped my consciousness. The atmosphere I try to reflect in my music has a lot to do with where I grew up.

So while they might not be familiar with the places in your record, why do you think french people love it?

That's something I've been curious about, but I think that, for whatever reasons... I lived in France for a while, so my speculation is - it might not be true at all - that french culture and french people have more of an appreciation for art that talks about the shadowy side of life, the darker side of life. You have famous poets,like Beaudelaire, people like that who talk about very dark things and there's just much more of an appreciation for that. I imagine that a lot of french people who listen to my music don't understand the lyrics, but they can understand the sentiment and the mood and the atmosphere. My music is very moody and atmospheric and I think that culturally french people have more of an appreciation and a connection to that. I don't know if you agree with me, that's a really general statement.

I know you prefer to talk about your work rather than what others do, but are there any artists or bands form the Bay Area that you would like to recommend? I guess you mention some of them in your album liner notes.

Defintely those bands (NDLR : Or, The Whale, Chris Garneau, The Spindles, Lonely Drifter Karen...) and the bands that are playing tonight (NDLR : The Devotionals, Foxtails Brigade) and then also Jen Grady, who plays cello in my band, she also does solo music and it's really amazing. She plays a lot of show in the Bay Area. She's really wonderful.
...
I've been gone for the last six months so I'm trying to remember the last shows I went to in San Francisco.

In France, any bands / artists that you like?

My friend Julien Pras. He's gonna be opening for me on the next tour and he made an amazong solo record that's gonna be released in the next weeks or something (NDLR : 1er mars.). He's also in a band called Calc that are really good.
...
There is so many people. (Rires) It's hard to think of the top of your head.

You have a european tour starting next week. Any plans after that? Coming back and starting to record?

I will probably record and then I'm also probably going to tour a little bit more.

Your music and lyrics are very dark. Are you a dark person in real life? Because you don't seem like one.

(Rires) No. Not really. I think It's hard to define darkness among type of darkness. There's darkness and then there's morbidity and other things that I don't necesseraliy identify with darkness. I would say I'm a contemplative person, but not neceserrily dark.

I'm running out of questions. Anything you want to say?

I'm excited to tour in France and I'm verry happy and the whole tour is gonna be with all the musicians who played on the record. It won't sound exactly like the record but it will be performing those songs as they are heard on record.

Are you playing alone tonight?

No, I'm playing with the violonist and cellist who played on my record.

And for the coming tour? Are you touring with more people?

Yes, there's the violonist and cellist and my friend Henry who plays pedal-steel and electric guitar and then there's drums. And actually Julien Pras, who is gonna be opening, he's gonna play bass in the band.

Same band you toured with last year?

I toured with all those people before, but not all together.

Favorite place in France?

I like Toulouse a lot.

OK, I guess I'm totally out of ideas. Good luck with the coming tour.

Thanks and thank you for doing this.

Oh, thank you for doing this

(Rires)



Un grand merci à Sean, du formidable label bordelais Talitres pour avoir permis cette rencontre


Emily Jane White est en concert ce 2 février à l'Alhambra à Paris et dans le reste de la France ensuite

02/02/2010 Alhambra — Paris, France
03/02/2010 Cabaret Electric — Le Havre, France
04/02/2010 UBU — Rennes, France
05/02/2010 Krakatoa — Bordeaux, France
06/02/2010 Epicerie Moderne — Lyon, France
07/02/2010 6 par 4 — Laval, France
08/02/2010 La Fourmi — Limoges, France
09/02/2010 Le Ciel — Grenoble, France
11/02/2010 Poste a Galene — Marseilles, France
13/02/2010 Noumatrouff — Mulhouse, France
26/02/2010 Octubre Centre Cultura Contemporanea — Valencia, Spain
27/02/2010 Minifestival de Barcelona — Barcelona, Spain