MTV ayant arrêté la musique il y a bien longtemps, c'est au web que revient désormais la tâche d'effectuer les nécessaires piqures de rappel en images qui bougent.

Aujourd'hui, ce sont donc les Local Natives, des Angelinos qui pourraient tout aussi bien venir de Brooklyn de nous rappeler que leur Gorilla Manor sorti l'année dernière n'a rien à envier aux Fleet Foxes et à Vampire Weekend.




James Mercer et Brian Burton, a.k.a. Mr. The Shins et Danger Mouse, voudraient eux vous rappeler que leur collaboration sous le nom de Broken Bells sera dans les bacs le 9 mars.




Et pendant ce temps-là, sur MTV...


Ça ne m'empêchera de trouver l'album un poil chiant. La faute à un manque de variété et à une voix qui, bien que très jolie, se révèle trop monocorde. Faites vous votre propre idée via le lecteur ci-dessous ou le MySpace du groupe.

Ceci n'est pas un Concert à Emporter.



Ceci n'est pas une vidéo cheap :



Ceci n'est pas un article sur Uniform Motion.


Attention buzz. Un premier album, Talking Through Tin Cans, élu Best Indie/Alternative par iTunes (non sans raisons, cf. le clip de Waiting for a War ci-dessous).


Une relocalisation en cours de Berkeley la hype vers Brooklyn la très très hype. Un second album produit par Chris Taylor de Grizzly Bear et signé chez Rough Trade. Un premier single, Promises, qui sonne comme un Grizzly Bear (justement...) qui aurait pensé à lâcher la bride. Réfléchi, posé, étudié voire un poil rigide, mais un peu plus aventureux. Un single en écoute ici ou dans le joli lecteur juste en dessous et en téléchargement .




De bien belles promesses, que l'on espère tenu dans ce Big Echo. Sortie prévue le 9 mars. Vous en entendrez parler d'ici là.


Update : On en reparle déjà, avec une formidable vidéo de Excuses. Le buzz monte.


Dans la liste, que j'écrirai un jour, des groupes vaguement connus en France mais superstar aux US, Spoon tient le haut de l'affiche. La sortie de Transference ce mardi était un petit évènement, prestation chez Conan O'Brien a la clé. (Rien a voir avec Port O'Brien, mais j'en profite pour faire un lien, c'est pour la bonne cause.)

On peut, comme moi, ne rien comprendre aux atermoiements actuels des Late Shows americains (surtout a l'heure de Youtube et Tivo qui permettent de les regarder au petit dej), ce serait quand meme dommage que cela nous prive de prestations comme celle-la.

Il est possible que vous ayez écouté le très bon (bien qu'un peu moins bon que le magnifique All We Could Do Was Sing) Threadbare des californiens barbus de Port O'Brien. Il est possible que vous n'ayez pas versé un centime au groupe dans le procédé. Vous ne vous rattraperez pas sur ce coup-là, puisque les $4 des Pan American Sessions (4 versions alternatives de chansons de Threadbare) seront intégralement reversés à Médecins sans Frontières pour les secours à Haïti. Mais bon...


4 Alternate Versions of songs form Threadbare including the single "My Will is Good" as well as "Calm Me Down" recorderd at Pan American Studios in San Francisco with Jason Quever of the Papercuts. 100% of proceeds from this release will be donated to Doctors Without Borders relief efforts in Haiti in the aftermath of the January 12 earthquake.

Je n'aime pas la promo. Je n'arrive plus à écouter ce que j'achète, encore moins ce que je télécharge et vous pensez encore que j'ai encore du temps libre pour écouter toutes les conneries que vous m'envoyez, mesdames les agences de com' ? Le premier courrier est flatteur, le second pénible. Au troisième, on créé un filtre pour sa boîte mail.

Mais parfois, au milieu d'un flot ininterrompu de variété française et d'annonces de concert parisiens (10,000 km en Vélib', c'est un poil long), on reçoit une bonne surprise.


La première, l'année dernière, était signée Orouni pour présenter The Limes, son nouveau projet. Citer Toy Fight, Mina Tindle c'est bien. Collaborer avec eux, c'est encore mieux. Proposer un titre pop aussi formidable que Beyond Blue ça suffit à attirer l'attention (et visiblement la promo des citrons fut efficacement ciblée).



Plus d'efforts furent nécessaires pour Andy d'Uniform Motion. Un premier mail impersonnel reçu en période d'examens, un second passé à la trappe, malgré une chronique élogieuse de la Quenelle. Au troisième, alléché par un univers visuel attirant, proche de celui propose par les Shins sur Chutes Too Narrow (Uniform Motion propopse posters et livres avec ses enregistrements et se définit sous l'étiquette Illustrated Indie Rock) et répondant au dernier appel d'Andy, je cède et je vais écouter le single Roll Over (extrait de Life, second album a paraitre le 9 février).

Et là, surprise, c'est drôlement bien (mais vous l'aviez deviné, malin comme vous êtes). Uniform Motion nous offre une indie pop légère, minimaliste et sucrée. De celle qui fait fuir les nuages et allume de petites flammes dans les coeurs. Des mails promos comme ça, j'en veux tous les jours.

1967. Habitués à être le centre du monde musical depuis la fin de la guerre, les américains n'ont pas trouvé de réponse à la tornade de Liverpool. L'Amérique cherche ses Beatles.

Et s'il s'agissait de Buffalo Springfield ? Si le groupe explosera, miné par les dissensions internes, laissant à CSN&Y la lourde tâche d'être les Fab Four américains, Broken Arrow lorgne clairement du côté du Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band, sorti trois mois plus tôt.


Hommage appuyé ou citation des sources, les cris de fans au début du titre proviennent même d'un concert des Fab Four de 1966.




A lire aussi : Live Report: Jay Reatard @ Amoeba Music, Berkeley

Je suis fan des suédois de Shout Out Louds et leur power-pop sous amphétamines.

Phil Ek a produit Perfect From Now On et Keep It Like a Secret de Built to Spill, Chutes Too Narrow de The Shins, Everything All the Time et Cease to Begin de Band of Horses ou encore l'album des Fleet Foxes. Soit à peu près le CV parfait.

Autant dire qu'une collaboration entre les deux fait un peu partie de mes rêves.

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Work, troisième album des suédois, produit par Phil Ek, sort le 23 janvier chez Merge. Raaaaaaah.


Shout Out Louds sur Spotify

San Francisco donne parfois l'impression d'être resté coincé quelque part dans le passé. Sleepy Sun, combo échappé de Santa Cruz ne fait rien pour infirmer cette impression avec un rock psychédélique tout droit sorti des 70's, à (re)découvrir en détails via une chronique, un MySpace, trois titres en écoute et surtout la vidéo de l'incroyable New Age. Qui, comme le groupe, porte bien son nom.






Photo : Sun going to sleep near Santa Cruz, CA

The Fillmore : nom mythique, visité par les plus grands. Une histoire écrite à coups de guitare, rappelée sur les murs des salles adjacentes. Led Zeppelin, Grateful Dead, Janis Joplin, Bruce Springsteen… la légende du rock’n’roll étalée en poster. Ce 6 novembre, le groupe qui s’apprête à occuper la scène a déjà son nom dans les livres d’histoire du rock. Celle du rock underground US des années 80. Une poignée d’albums indispensables (You’re Living All Over Me, Bug), des solos de guitare et beaucoup de décibels. Une certaine idée du rock, branleur mais virtuose. Une histoire tumultueuse aussi, suivie d’une séparation amère. Puis une reformation fructueuse et deux nouveaux indispensables (Beyond et Farm). Dinosaur Jr est à sa place dans ce temple du rock.

La première partie (Violent Soho), anecdotique, un peu moins. Lou Barlow se charge ensuite de nous rappeler son rôle dans le chapitre sur le rock lo-fi (via Sebadoh) en défendant son petit nouveau Good Unknowns. Une prestation un peu faiblarde et quasi-acoustique qui contraste avec l’impressionnant mur d’ampli dressé derrière le groupe. Des amplis prêts à accueillir la guitare de J. Mascis et à détruire les tympans de l’assistance. Chose faite après une heure et demie de cette leçon d’une légende toujours en cours d’écriture. Entre rappels historiques (un Just Like Heaven monstrueux, ou un enchaînement Little Fury Things, Back to Your Heart, Raisans, Freak Scene absolument dévastateur) et faits d’actualité (Pieces et Plans, futurs classiques). Avec un final, où, sans l’air d’y toucher, Jay, Lou et Murph vous assène un formidable coup de marteau (Bulbs of Passion, Tarpit), histoire d’être sur que tout ça vous reste bien en tête. Des cours d’histoire comme ça, on en voudrait plus souvent.


Setlist

Thumb
Budge
Just Like Heaven
Imagination Blind
Get Me
Pieces
Plans
Feel the Pain
Over It
Little Fury Things
Back to Your Heart
Raisans
Freak Scene
Gargoyle

Bulbs of Passion
Tarpit




À lire aussi : Chronique de Farm (2009) sur PdP

Comment attaquer un monument ?

Comme le dit si bien J. Crosby d'Aquarium Drunkard en parlant d'un autre monument, tout a déjà été dit sur cet album et cette chanson, par des personnes plus au courant, plus érudites, plus intelligentes, plus vivantes en 1969. Si je tentais d'écrire la moindre analyse objective de ce titre, ce serait pour me rendre compte que quelqu'un a déjà écrit un livre sur le sujet. Et quelqu'un d'autre un livre sur le livre.


Je pourrais essayer d'expliquer pourquoi cette chanson est importante pour moi. Mais même là...

Pourquoi suis-je touché à ce point par un jam de guitare, sans queue ni tête, aux paroles absconses, écrit par un canadien hirsute et une bande de bras cassés ? Pourquoi est-ce qu'à chaque fois que les premiers accords résonnent, quel que soit le jour, quel que soit l'heure, dix minutes de ma vie disparaissent dans un trou noir ? Ce type, qui a 23 ans, traverse les États-Unis en corbillard, sait déjà qu'il passera sa vie à faire de la musique ou mourra en essayant, choisit ses musiciens pour le feeling plus que pour les compétences et écrit le morceau parfait avec 39 de fièvre, c'est quelqu'un que je ne serai jamais. Tant pis, tant mieux, je ne sais pas. I don't care.

Me demander pourquoi j'aime Cowgirl in the Sand, c'est me demander pourquoi j'aime la musique ou pourquoi des comptables à lunettes écoutent du Death Metal. Ou son âge à une dame. Ça ne se fait pas.

De toute façon, soit vous adorez déjà Cowgirl in the Sand et peu importe ce que je pourrais dire. Soit vous vous en foutez éperdument et toutes mes élucubrations ne servent pas à grand chose. Le seul cas de figure qui m'est favorable serait que vous n'ayez jamais entendu la chanson et que sa délicate mélodie effleure vos oreilles pour la première fois en ces lieux. Ce serait déjà une récompense. Comme le jour de ce cours d'anglais en 2008 où parmi les 15 personnes à qui j'ai réussi à passer les 12 minutes de Cowgirl, 3 m'ont récupéré l'album le soir-même. Mais je m'égare.


Hello Cowgirl in the Sand!

À trop déconstruire, on finit par dénaturer. C’est ce qui est arrivé au math-rock, ce genre du post-rock, aux structures complexes et au rythmique syncopés. Trop intellectualisée, la musique s’est vidée de son âme, comme ses compositions avant-gardistes qu’on se force à admirer par conventions sociales mais dont on ne comprend finalement pas grand chose. Battles avait sonné la révolte avec un Mirrored virtuose mais encore un peu froid en 2007. La bonne nouvelle étaient venue d’Angleterre l’année dernière avec Foals, qui remettant le chant au goût du jour, à l’image du meilleur de Minus The Bear, avait réinjecté la folie qui manquait au genre.

Hormis les incantations de Rhinelander, la musique de Patriot se veut à nouveau instrumentale. La formule gagnante des américains de Cougar, c’est une bonne dose de mélodies, des formats courts, des tendances pop. Par cette équation magique, Cougar réussit à ne jamais lasser. Patriot n’invente rien, mais varie à merveille les situations, entre les plus classiques Stay Famous et Florida Logic, entre Fugazi et The Mars Volta, un Thundersnow qui file à toute vitesse ou le très pop Endings. Pelourinho, après des débuts ténébreux à la harpe ouvre une boîte à musique bientôt déréglée par une batterie joueuse. La batterie martiale de Daunte vs. Armada évolue vers des sonorités africaines, tandis que le magnifique This Is An Affidavit mêle des cuivres à des arpèges de guitare à la The New Year. Appomatox joue parfaitement des variations de rythme et des changements de ton., entre séquences rythmiques lourdes et minimalisme version Young Marble Giants.

Alors que personne ne les attendait là, Cougar offre un album à la fois intellectuel et pop, accessible tout en étant terriblement riche, varié, dynamique et sans temps morts. Un album qui se réécoute avec plaisir, sans jamais lasser. En une copie parfaite (et la plus belle pochette de l’année), Cougar digère toutes ses leçons, trouve la solution au problème posé et réinvente la math-pop.






Chronique également parue sur indiepoprock.net

Autres chroniques dithyrambiques chez Playlist Society, Branche ton Sonotone et sur le Top des Blogueurs.

Cougar sur MySpace

Patriot sur Spotify

Comme d'habitude, les bonnes surprises viendront de ceux qui n'apparaissent pas dans les plannings. Mais l'agenda de début 2010 annonce de belles choses. 2009 n'as pas encore livré tous ses secrets, mais la fuite en avant continue. Revue totalement subjective de quelques sorties attendues.

Programmés :

L'année commence dès ce vendredi 8 janvier, avec les allemands de Get Well Soon et leur Vexations (avec un titre en écoute chez Christophe)

Le 12 janvier sera pop, avec la sortie simultanée du nouveau Owen Pallett (Final Fantasy R.I.P.), Heartland et de Die Stadt Muzikanten, des canadiens de Woodpigeon, pour prolonger un peu l'ambiance Noël.

Spoon n'a jamais déçu, c'est donc avec une certaine confiance que l'on attend Transference, prévu pour le 19 janvier.

Si vous ne connaissez pas Basia Bulat, je vous recommande chaudement son premier album Oh, My Darling paru en 2007, qui devrait vous faire attendre impatiemment le 26 janvier et la sorie de Heart of My Own. Ce 26 janvier sera aussi l'occasion d'une explosion de buzz avec la sortie du Teen Dream de Beach House. Les experts prédisent un 9.2 chez Pitchfork mais, en coulisses, il se murmure que l'album est un peu chiant sur la longueur.

Roscoe et Head Home étaient deux titres admirables, mais les Texans de Midlake ennuyaient à la longue sur The Trials of Van Occupantheer. Sauront-ils faire mieux avec The Courage of Others le 02 février ?

Autre explosion de hype le 09 février avec Odd Blood des Yeasayer ? Buzz mérité ? Certains en parlent déjà.

Retour sur une autre sensation de 2009 avec enfin une sortie US pour les Local Natives et Gorilla Manor, le 16 février. Mais attention, en face il y aura du lourd chez Constellation, avec les vétérans classieux de Tindersticks et Falling Down a Mountain et le Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra, orphelin de Vic Chesnutt et son Kollaps Tradixionales, alors que 1,000,000 Died to Make this Song résonne encore dans les têtes.
Grosse journée le 23 février avec le retour de Shearwater pour The Golden Archipelago, des écorchés Xiu Xiu avec un titre d'album qui leur va bien, Dear God, I Hate Myself et des éxubérants suédois de Shout Out Louds, qui se remettent au Work. On attend aussi avec une certaine curiosité Here Lies Love, la collaboration entre Fatboy Slim et l'immense David Byrne.

Le 06 mars, retour de Rogue Wave sur Permalight, avec un premier single qui vient tout juste de filtrer.

Préparez les portes-monnaies pour le 09 mars, avec The Besnard Lakes are the Roaring Night de The Besnard Lakes, le retour attendu des écossais de Frightened Rabbit avec The Winter of Mixed Drinks. Le printemps sera en avance avec la balearic pop des suédois de jj et le bien nommé jj °3. Sisterworld de Liars devrait tout exploser si l'on en croit ceux qui l'ont déjà écouté. L'indispensable Ted Leo tentera un retour chez Matador avec The Brutalist Bricks tandis qu'une autre collaboration de renom, Broken Bells, aka James Mercer de The Shins et Danger Mouse fera des débuts attendus.


Attendus / espérés

Le nouveau Gorillaz a déjà un titre, Plastic Beach et s'annonce très pop si l'on en croit la tête pensante Damon Albarn. Le premier album de The Drums devrait pas mal faire parler de lui. tandis que l'on guettera avec intérêt le retour de Dr. Dog sur Shame Shame et celui des Born Ruffians avec Say It. 2010 devrait aussi voir la sortie d'un nouveau Here We Go Magic et le retour de Menomena après l'escapade gagnante de Brent Knopf chez Ramona Falls. On attend aussi une livraison courte mais intense de The Thermals, le retour plus cérébral de Battles et Foals et les harmonies des Fleet Foxes. The Avalanches, absent des ondes depuis le génial Since I Left You en 2003 sont également vivement attendus.

Leur dernier album, The Meadowlands, date de 2003 mais fut ma plus grosse révélation de 2009 : The Wrens pourraient bien être de retour en 2010 avec un album pour l'instant annoncé sous le titre Funeral.

Enfin, nombreux sont les poids lourds ayant annoncé un retour pour 2010. Avec différents niveaux de certitude. Interpol, The Hold Steady, The Walkmen, The New Pornographers, R.E.M. et LCD Soundsystem devraient tous être de la partie, tandis que les rumeurs se font insistantes concernant The Strokes, Arcade Fire et Radiohead. Mes chouchous de The National devrait aussi être de la partie pour terminer le feu d'artifice.



Et vous, qui attendez-vous en 2010 ?





Bonne résolution pour 2010 : profiter de ma situation géographique et vous faire profiter de la scène musicale de San Francisco et sa région. Du connu, de l'obscur, du live, Rock, folk et plus si affinités.


Ça s'appelle From California With Love (FCWL pour les intimes) et c'est à parution aléatoire, so stay tuned!


PS : Après un peu d'absence, SNY reprend ce dimanche. Peut-être.

Octobre 2008, Maroquinerie, Paris. Emily Jane White ouvre pour le mythique Swell. Silence religieux. Salle comble qui se videra de moitié avant l’entrée de David Freel et sa bande. Les parisiens sont venus voir Emily Jane. L’américaine en est la première étonnée, elle qui avoue avoir d’habitude affaire à l’inattention et aux discussions de comptoirs généralement réservées aux premières parties. En un premier album parfait, a gagné une belle cote d’amour dans l’Hexagone, bien plus que dans son Amérique natale. Victorian America, sa seconde livraison est d’abord paru en France, où elle viendra le défendre sur les routes en février… avant une éventuelle sortie américaine. La raison ? Un distributeur bordelais zélé (Talitres) ayant assuré une promotion corps et âmes, une critique musicale (Bernard Lenoir en tête) ayant rapidement reconnu en EJW une potentielle remplaçante pour une Chan Marshall à côté de ses pompes et un bouche à oreilles plus que favorable. Conséquence étonnante : pour se procurer l’album à Oakland, où a été enregistré l’album, il valait mieux passer commande… à Bordeaux.

Pourtant, comme son nom l’indique, Victorian America n’a pas grand chose de français. Emily Jane y invoque plutôt une certaine idée de l’Amérique. Celle des grands espaces, des champs à perte de vue, balayées par les vents. L’Amérique du pedal-steel et du banjo. Une Amérique du XIXème siècle, mais loin de l’agitation des de la ruée vers l’or. Entre Nashville et la Nouvelle-Orléans plutôt qu’en Californie ; trop jeune, trop folle. Trop superficielle ? Robes longues et cabanes en bois. Victorian America, avec ses violons, sa guitare aux cordes délicatement pincées son piano et son pedal-steel aérien est le disque nostalgique, d’une Amérique intemporelle. Sur laquelle flotte pourtant le fantôme de blessures contemporaines (She lost her home in Victorian America ; A giant flood took Louisiana)


Emily Jane White a plus que son prénom comme prédisposition pour parfaire le tout : une voix sans âge, à la fois douce et terriblement profonde. Fragile en surface mais inébranlable. Nostalgique d’une époque qu’elle n’a finalement pas connue et dont elle aurait hérité de la tristesse et de la gravité. Image de ses femmes attendant un mari parti à la guerre. Fortes, fragiles et infiniment tristes dans leur longue robes blanches. Women at home in Victorian America.

Dark Undercoat émouvait par ses non-dits, son dépouillement ; les silences entre deux accords de guitare en disaient autant que le reste. Pour sa visite de l’Amérique victorienne, EJ s’est entouré de la même équipe qui l’avait accompagnée sur les routes françaises. Il y avait un risque à remplir ses vides chargés d’émotions par des orchestrations. Risque de perdre en émotion, risque de sonner ampoulé. Risque d’en faire trop. Écueil évité avec brio. Sur The Ravens, contrebasse et violoncelle élève la voix vers de nouveaux cieux. Un orgue offre une nouvelle profondeur à Red Serpent, tandis que la brume électrique s’empare de Red Dress. Pour le sublime A Shot Rang Out (en écho au brillant Two Shots to the Head), l’orage qui gronde offre un parfait contrepoint à une guitare légère comme une plume. Menés de main de maître par une Emily Jane virtuose, chaque instrument apporte sa pierre à l’édifice, offrant une riche complexité mélodique là où d’autres aurait offert un mille-feuille indigeste. En contrepartie, ce Victorian America, d’une belle durée, ne s’offre pas immédiatement. Mais tel un diamant noir, il offre de magnifiques facettes, à l'image d'un Stairs à tiroirs, à qui sait l’apprivoiser et l’observer attentivement.




D’autres avis, d’autres points de vue : With Music in my Mind, De la lune on entend tout, Popnews, PopRevueExpress, The Man of Rennes, Ears of Panda et la Blogothèque (un petit Concert à Emporter ?)

Emily Jane White sur Myspace

Acheter l'album chez Talitres



Écouter l'album, pas plus loin qu'ici :



N'importe quel manuel du parfait petit blogueur vous le dira : ne parlez pas de vous. Ça n'intéresse personne.

Tant pis.

Je n'ai pas la culture musicale que j'aimerais avoir. Ni les talents défricheurs de certains. Je ne prétends pas bien écrire. Ni même savoir de quoi je parle. J'aime beaucoup les adjectifs et les adverbes. Mais pas franchement les verbes. Et j'aime commencer mes phrases par des conjonctions. Ou des "je".

En 2010, je continuerai donc à parler de moi. Et de musique. Mal. Pour donner des nouvelles. Parce qu'à l'autre bout du monde, je n'ai pas encore grand monde à harceler avec mes lubies. Parce que, finalement, j'aime ça.

En 2010, j'essayerai d'écrire régulièrement, de parler de tout ce dont j'ai envie de parler et de finir tout ce que je commence. J'essayerai de publier mon Neil Young du dimanche le dimanche. Et je n'y arriverai sans doute pas, mais je m'en fous.


It's gonna be a better year? Bonne année 2010 ;-)