Je ne l'ai pas encore écouté, donc je ne serais pas vous dire s'il est bien, mais l'album Home Away From Home des californiens de The Blank Tapes est en téléchargement gratuit, légal et en haute qualité sur leur Bandcamp. Rien que pour ça, ça ne peut pas être totalement mauvais.


"(I DON'T WANT TO GO TO) CHELSEA"

Elvis Costello | Clips vidéo MySpace


Autre représentant de la vague Twee-Pop et même fleuron du genre au début des années 90, Heavenly n'a pas profité du même revival que The Field Mice. Je profite donc de deux journées superbes dans la station de ski du même nom (à la frontière entre Californie et Nevada, lac enneigé d'un côté, désert de l'autre, absolument magnifique) pour réparer cette injustice, avec cet Atta Girl à la fois délicieusement sucré et rebelle. 




Heavenly c'est un peu le summum de l'esthétique DIY twee et de l'innocence rebelle. Une esthétique qui n'est pas sans rappeler Beat Happening. Pas franchement étonnant lorsqu'on sait que Calvin Johnson a participé à chacun des enregistrements et distribué les albums du groupe aux US sous son légendaire label K Records.




Heavenly sur Spotify


Beat Happening – Black Candy sur Spotify




Photo par Maxime Chillemi


Regardez le monde depuis la fenêtre de sa chambre et s'imaginer des histoires d'amour. Et en faire des chansons. C'était à la fin des années 80, la spécialité des artistes du label Sarah Records (dont on retrouvera ici l'histoire détaillée). A tel point qu'on a trouvé un nom à cette pop d'éternels adolescents, sucrée et haut-perchée : Twee-pop. 

Il y avait de l'ironie dans ce surnom, moquant ces grands enfants qui refusaient de grandir. Mais il y avait surtout énormément de talents et de mélodies, de rage masquée et de sous-entendus.

You Should All Be Murdered de Another Sunny Day en est l'illustration parfaite : une mélodie en apparence sucrée, qui s'insinue comme un poison ; une basse animée d'une vie propre, offrant au morceau une perspective beaucoup plus noire qu'il n'y paraît, démon perché sur l'épaule pour contrebalancer des guitares angéliques (on retrouvera cette basse chez Belle and Sebastian. Another Sunny Day, anyone?). Et que dire de ces menaces de meurtre susurrées d'une voix innocente ? Premier ou second degré ? Difficile à dire... et c'est aussi ça qui fait le charme d'une pop finalement pas si twee.


Another Sunny Day – London Weekend




One day, when the world is set to rights
I'm going to murder all the people I don't like
The people who have left me down without reserve
The people who are cruel to those that don't deserve
The people who talk too much
The people who don't care
The people whose lives are going nowhere
The people who just give in
The people who don't fight
The people I don't like
The people who broke my heart so bad it never mends
The people who wrecked my life and all my so-called friends
The people who don't know when to forget and forgive.
These are the people who do not deserve to live.
The people who talk too much, The people who don't care
The people whose lives just leave me crying in despair
The people who told me I was wrong and they were right
The people I don't like.



Photo par Maxime Chillemi


Ted Leo is a nice guy. Le genre de type avec qui on irait volontiers refaire le monde autour d'une bière. Le genre de type qui à 40 ans conserve l'énergie et l'impertinence qu'il avait à 20 ans. Le genre de type qui en 2010 fait encore vivre le rock underground des années 80, celui des Replacements et autre Hüsker Dü, sans autre envie que celle de faire ce qu'il lui plaît.




Ted Leo c'est aussi un musicien en tournée perpétuelle, toujours sur la brèche, remonté comme un lapin Duracell. C'est aussi @tedleo, le meilleur compte d'un musicien sur Twitter et des covers dans tous les sens, dans tous les styles, de Springsteen à Daft Punk en passant par Kelly Clarkson et R Kelly (que je ne mettrai pas en gras). Ted Leo, c'est une poignée d'albums et de singles qui font du bien, en toute simplicité.




Ted Leo, c'est simplement un mec qui donne envie de se lever le matin.


Ma rencontre avec Broken Social Scene s'est faite en avril 2006. En retard, comme souvent. Beaucoup de révisions, beaucoup de temps pour écouter de la musique. Une pochette rose mais inquiétante de paysage urbain fondu. 7/4 (Shoreline), Ibi Dreams of Pavement, Fire Eyed Boy... l'abum était rempli de titres mémorables. Le groupe se permettait même de réléguer la meilleure version de Major Label Debut (titre clin d'oeil, le groupe publiant sous son propre label, Arts and Crafts) sur un EP distribué avec l'album. Le feu d'artifice se terminait par un bouquet final, It's All Gonna Break, titre foudroyant. Épique, dans le bon sens du terme .





Je finissais mes écrits un mercredi. J'avais programmé deux concerts pour fêter ça. Je vous raconterai plus tard ma rencontre du mercredi avec The Wedding Present, The Chameleons et The Fall. Le jeudi soir, Broken Social Scene jouait au Transbordeur. Même pas dans la grande salle, faute de public, mais sur une scène annexe dans l'entrée. Une scène évidemment trop petite pour eux, les deux batteries, les violons et tous les musiciens. Je ne saurais pas dire qui chantait ce soir là. Ni Feist, ni Emily Haines. Amy Millan peut-être, ou bien une autre. Peu importe, sa version d'Anthem for a Seventeen Years Old Girl, découvert ce soir là m'a cloué sur place. It's All Gonna Break en clôture, conclusion inévitable, qui en l'espace de 15 minutes est capable de vous faire exploser toutes les tensions passées et à venir (et dieu sait qu'il y en avait ce soir là).

En 5 ans, il ne s'est pas passé grand chose pour BSS. Deux albums "solos" agréables sans être transcendants, quelques apparitions remarquées... et c'est à peu près tout. Pourtant toutes les dates de la tournée à venir sont complètes, Paris et San Francisco en tête. On ne les reverra sans doute pas jouer dans l'entrée du Transbordeur de sitôt. Est-ce l'explosion sur le devant de la scène des anciens élèves ou simplement une reconnaissance méritée pour un groupe majeur de la scène "indie". Apparemment, je ne suis pas le seul à attendre impatiemment la sortie début mai de Forgiveness Rock Record.

Au cas où vous vous demandiez, ces élucubrations nostalgiques ont une explication matérielle : le collectif de Toronto vient de dévoiler deux nouveaux titres, Forced to Love et All to All, en attendant le 4 mai. C'est très bon et c'est juste là :




Finish Your Collapse and Stay for Breakfast

La description suivante m'a intriguée et fait tendre l'oreille:  "Sounds like: Everyone high-fiving everyone." Forcément, après une intro comme celle-là, il fallait que je sache comment sonnait Fang Island.

Et voilà, l'extase, la folie frénétique de Daisy a conjuré des images fugaces de tout le plaisir que j'ai jamais vécus, un sprint  à toute vitesse à travers des champs et des forêts ensoleillées avec mes meilleurs copains, finissant non seulement en high-five, mais en pyramides humains et en batailles de ballons d'eau. Je vous mets au défi de ne pas esquisser un sourire ou de ne pas penser à une explosion de couleurs.





It was the following description that intrigued me enough to give Fang Island a listen: "Sounds like: Everyone high-fiving everyone." Well, I simply had to know what that sounded like.

And so, the ecstatic, frenetic madness of Daisy conjured fleeting images of all the fun I've ever had, sprinting through sunlit fields and forests at top speed with my best friends, not only high fives but pile-ons, pyramids and water balloon fights at the end. I dare you not to crack a smile or think of bursting colours while listening to this one.

Take a look at the video above and listen to the entire album on Fang Island's Bandcamp or on Spotify


par Nicole

Réussir à faire émerger la mélodie du chaos : un bien beau don qui fut vraisemblablement accordé à la naissance à François Virot. La précédente création du lyonnais, le brouillon mais touchant Yes or No, était déjà un joli numéro de funambule. Accompagné de ses acolytes de Clara Clara, Virot se réfugie derrière les fûts et offrent avec Comfortable Problems de nouvelles acrobaties, cette fois en formule survitaminée.

Paper Crowns, premier single, illustre à merveille la formule. De l’énergie à revendre, un fouillis incroyable, un amas de son,… ce pourrait être la recette parfaite d’une cacophonie assurée. Mais au milieu de ce fouillis, émerge miraculeusement une mélodie. Improbable, presque incongrue, toujours en déséquilibre, le chaos menaçant à chaque instant de reprendre le contrôle.

Comme pour HLLYH, le dernier album de The Mae Shi, à qui il ressemble beaucoup, on déconseillera l’écoute de Comfortable Problems au volant, tant l’énergie dont il déborde tant à faire appuyer de manière incontrôlée sur l’accélérateur. On le recommandera en revanche pour tous les coups de mous, ces moments où rien ne semble avoir de sens, Clara Clara en trouvera probablement un.

Comfortable Problems a les inconvénients de ses avantages : à la longue le vase peut déborder et la dixième pâtisserie se révéler trop sucré. Mais déborder d’idées et d’énergie, c’est sans doute ce qu’on appelle un problème confortable.




On en parle aussi (je suis en retard) chez Random Songs, Little Reviews, Playlist Society, Toujours un coup d'avance, The (ex) Man of Rennes et Autres Directions (et j'en oublie sans doute)

Avec en bonus, le désormais inévitable Concert à Emporter, version malouine.

The Sandpit from Sam O'Hare on Vimeo.


New York, 3 heures du matin, quelques verres de trop. Les lumières du Brooklyn Bridge défilent par la fenêtre du taxi. Les motifs du pont semblent se répéter sans fin.
Banlieue parisienne, 6 heures du matin, mal réveillé. Les lumières de la ville qui s’éveillent  défilent par la fenêtre du RER. Autre répétition des motifs.

Point commun ? Les boucles hypnotiques de The Juan MacLean. Des boucles qui s’insinuent sournoisement et vous font perdre toute notion du temps. D’abord vous n’ y prêtez pas attention, vous baissez votre garde. Et sans même vous en rendre compte, vous êtes perdus. Comme ces lumières que vous regardez par la fenêtre, regard dans le vague… jusqu’à vous rendre compte que vous avez oublié de descendre de la rame.

The Future Will Come est un album définitivement urbain, ses morceaux apparaissant tantôt comme des assemblages froid et gris sous certains angles, constructions complexes et majestueuses sous d’autres. Il rappelle les morceaux les moins funs de l’œuvre de LCD Soundsystem, version dépressive de l’œuvre de James Murphy (pas vraiment étonnant dans la mesure où The Juan MacLean fait partie de l’écurie DFA). Il y a une sorte de fatalité dans les boucles de synthé. "The Future Will Come for Everyone" chante une voix désabusée.

A y regarder de plus près, tout n’est pas reluisant et les assemblages hétéroclites de boucles rétros penchent parfois du côté kitsch et les voix ne sont pas toujours au niveau. Mais détournez votre attention quelques instants et vous voilà perdus dans des constructions fascinantes, jusqu'au bout de la nuit, quelque part entre New Order et le Star Guitar des Daft Punk.



The Juan MacLean sur Spotify


Alex Chilton faisait partie de la caste des beautiful losers, cette catégorie d'artistes dont on ne sait jamais trop si ils évitent le succès ou si le succès les évite ; capricieux, difficile à cerner et donc forcément géniaux. Adulé par la critique, boudé par le public, ce genre de choses.

Keep An Eye on the Sky, parue l'année dernière retrace chronologiquement la carrière météorique (3 ans, parsemés de ruptures, de conflits et de sales histoires, trois albums) de son groupe, Big Star, groupe séminal, dans la lignée des géants anglais de l'époque. Groupe forcément incompris ; énormément cité, pas forcément écouté. On doit à la power-pop de Chilton, Bell et Humnel les fondations du rock alternatif. Pas étonnant que les Replacements ait dédié à Sir Chilton leur meilleur morceau. Peu auront acheté #1 Record et Radio City à leurs sorties. La légende dira sans doute que tous ont formé un groupe.

Keep an Eye on the Sky, ce soir, une grosse étoile vient de s'éteindre

“Children by the million
Sing for Alex Chilton
When he comes ’round
They sing, ‘I’m in love
What’s that song?
I’m in love with that song.‘”







Cabossée. Souvent difficile à suivre. Parfois par elle-même. Mais finalement, terriblement attachante. Don't stop being cool.

Target: Mind

Goal: Blow



Status: Accomplished

I'd walk to hell and back
To see you smile
On saturday



OK, Mark. Now please come back.







Oui, leur but était de faire dans le viral. Forcément, c'est moins spontané que la première fois. Oui la musique n'est pas particulièrement bonne. Je suis prêt à leur pardonner.

Mais bordel (oui, je jure, je suis énervé), ce genre de montage, là je suis jaloux !




But obviously, this too, shall pass.

Il est 7 heures du matin. Un lundi. Vous n'êtes plus en vacances. Certaines personnes à l'autre bout du monde sont encore en train de dormir ou sur le point d'aller se coucher. La semaine est à peine commencé, mais vous savez déjà qu'elle sera pourrie. Avec un peu de chance, il pleut. Pour vous, c'est Mars après tout (j'ai encore deux heures). Vous voulez la solution ?

Montez un peu les basses. Appuyez sur Play pour la vidéo juste en dessous. Courrez jusqu'au lit le plus proche. Endormez-vous. Oui, là, maintenant, tout de suite. Pas de temps à perdre. Écoutez le morceau jusqu'à la fin (pas la peine de vous relever pour le clip, il est nul).



Ça va mieux ? Ce morceau me sert de réveil matin depuis bientôt un mois et je n'ai pas trouvé mieux. Entre la voix éthérée de Sarah Assbring et des guitares cotonneuses : une ligne de basse fabuleuse, qui vous tire délicatement de votre torpeur et vous fait repartir du bon pied. OK, vous ne dormez pas vraiment, mais rééssayez demain, vous verrez, vous n'aurez plus de raisons d'être jaloux de ceux qui dorment encore.

Sauf peut-être si je vous dis, que je vais voir El Perro del Mar, accompagné de Taken by Trees demain soir. Mais promis, demain vous serez de bonne humeur.

Voire tout de suite si vous aimez The XX.