Jim Hawkins et Long John Silver sont des crétins. Quelle idée de partir faire le tour du monde en bateau pour trouver une île au milieu de la baie de San Francisco . Il suffit de prendre le Bay Bridge, ça vous évite tout un tas de problème de pirates…
Si vous venez de l’East Bay, une curieuse mise en place des navettes (seul moyen d’accéder à l’île pour le festival) vous oblige cependant à traverser une fois et demi. Ce qui serait sans doute beaucoup plus pénible si la vue n’était pas aussi belle sur le pont.
A défaut de pirates, il faut néanmoins se coltiner une autre espèce douteuse, le hipster. Échappé pour l’occasion de son Mission District de résidence, lunettes multicolores, pantalons serrés et pilosité faciale soigneusement négligée. Dès la file d’attente (où l’on essaye en plus de me vendre du space brownie), me voilà rassuré, je suis bien à San Francisco. J’espère qu’il y aura de la boue, ils auront l’air con avec leurs sandales.
Les 45 minutes d’attente pour monter dans les navettes me font craindre le pire pour la fin de soirée mais sont facilement compensés par la vue sur la skyline de San Francisco depuis à peu près n’importe où sur le site du festival. Le festival est de taille modeste (14 000 spectateurs selon les organisateurs, 0 selon la police, totalement absente du week-end), l’ambiance bon enfant, voire franchement hippie (bien aidée par une fouille pas franchement poussée à l’entrée du site) et le temps en ce 17 octobre est celui très agréable d’une fin d’été (on imagine déjà moins un festival en plein air à Chicago à cette période de l’année).
Les deux scènes, à portée d’enceintes l’une de l’autre, mais aucun concert n’étant programmé simultanément, il s’agira juste de faire les bons choix en termes de placement. Certains s’avèreront difficiles, particulièrement le dimanche, mais la possibilité de voir chacun des groupes présents est vraiment appréciable.
Après une impasse faite sur Murs (et un mauvais jeu de mot évité), j’arrive sur place peu après le début du set de Passion Pit. Après avoir déchaîné les passions avec le succès inattendu de Sleepyhead, Passion Pit a peiné à confirmer, se plaçant en sorte de MGMT bis, malgré quelques jolis moment sur album, notamment Moth’s Wings. Verdict semblable sur scène : quelques jolis moments (Sleepyhead et Moth’s Wings en tête) et une performance qui s’accorde bien à l’ambiance et au soleil californien, mais à trop vouloir être hype, le tout semble un peu vain et la voix suraigüe de Michael Angelakos tend parfois vers l’irritant. Les hipsters sont néanmoins contents, j’aurai probablement oublié Passion Pit l’année prochaine. Bonne nouvelle du concert : le son est vraiment bon.
La performance qui suit s’avère beaucoup plus mémorable. La réputation des concerts de Dan Deacon n’est plus à faire et n’est pas volée. Ne vous laissez pas avoir par son physique improbable (gros barbu dégarni et hirsute vêtu d’un jersey de hockey), Deacon est un entertainer, un vrai. Depuis la sortie de Spiderman of the Rings, le bonhomme a eu le temps de rôder son show et malgré tout ce qu’on a déjà pu en lire, la formule surprend toujours. Pour commencer, alors que Deacon a vraisemblablement bidouillé ses albums tout seul, il y a du monde sur scène : 3 percussionnistes, pas moins de 4 claviers placés en cercles, des xylophones, un type déguisé en disque rouge qui sautille et ne sert à rien. A l’image de la musique, c’est un sacré bordel. Rythmiques démentes et hurlements suraigus, accompagnés de quelques transitions mystico-tarés ("Imagine a fictional horse in the majestic heaven") font déjà bouger les pieds de manière incontrôlable.
Mais c’est lorsqu’il fait appel à la foule pour un dance contest ou un tunnel humain que les choses deviennent vraiment folles. Deacon finit le concert épuisé (il enchaînera néanmoins sur un autre concert le soir même à San Francisco) mais visiblement heureux. Le public aussi.
Après avoir, à raison, assisté à ce formidable spectacle depuis la fosse, c’est donc de loin que j’assiste à la performance de The Streets. La performance du britannique détonne un peu par rapport à l’ambiance du festival et Mike Skinner n’hésite d’ailleurs pas à placer quelques remarques bien senties sur l’accoutrement de son public. L’ami Mike aimerait aussi bien que les spectatrices tombent le haut, mais malgré ses appels répétés, aucune ne lui donnera satisfaction. Pour se venger, il n’arrête pas de parler de Sacramento. Je n’ai pas trop compris pourquoi. C’est un peu mon problème avec The Streets ; Skinner a des mélodies plutôt intéressantes, un flow cockney hilarant, place quelques répliques cultes ("I’m not fucking Bon Jovi"). Mais ce serait sans doute mieux si je comprenais ce qu’il raconte…
Une évaluation rapide me permet de classer la performance de DJ Krush dans la catégorie nullissime et il est temps d’aller voir les Brazilian Girls. Soyons concis, c’est nul. Les Brazilian Girls (qui ne compte qu’une représentante du sexe féminin et vienne de New York) sont une espèce d’horreur arty sans nom, mélangeant vaguement les genres, les styles et les langues pour en faire une infâme bouillie sans saveur. Un désastre qui culmine avec une chanson dont les paroles consiste en une répétition sans fin du refrain "Sexy Asshole" par une chanteuse en sous-vêtement sous un déguisement cœur en carton. No comment.
On oublie rapidement tout ça (et le drum’n’bass qui suit sur l’autre scène, par un duo dont j’ai déjà oublié le nom) et on recharge les batteries à coup de hot-dogs hors de prix pour les canadiens de MSTRKRFT à la tombée de la nuit. Je ne connais pas grand chose de leur œuvre et je n’ai toujours pas écouté leurs albums, mais il faut avouer que la performance des deux DJ canadiens, enflammant sans peine un dance-floor de plusieurs milliers de personnes fut plutôt enthousiasmante. Une fois sortis de sous leur table, les deux larrons donnent le ton, il va y avoir de la basse. Armés de leurs moustaches de pédophile (Justice leur doit tout) et leur bouteille de Crown Royal, les deux larrons envoient la purée et mixent les classiques (Daft Punk, Justice, Benni Benassi). Rien de franchement original, mais avec un DJ set de qualité et du gros son, difficile de ne pas se laisser emporter par l’enthousiasme général. Bohemian Rhapsody, improbable conclusion est reprise à l’unisson. Mission accomplie pour MSTRKRFT.
Pas le temps de traîner (ou de se payer un hot-dog hors de prix), Greg Gillis attaque déjà sur l’autre scène. Comme pour Dan Deacon, il y a du monde sur scène, mais ici seul Gillis, aka Girl Talk, fait quelque chose. Un quelque chose qui pourrait ressembler à une imposture puisque l’unique activité du monsieur semble être de s’agiter frénétiquement devant son MacBook. Peu importe, son mashup est tellement entrainant qu’on se laisse prendre au jeu. Le sourire béat du voisin indique généralement qu’il vient de reconnaître un sample. Gillis mélange sans retenue Jay-Z et Nirvana, Radiohead et Eurythmics… et ça marche. Ajoutez à la recette du lancer de rouleau de PQ et des ballons débiles et vous obtenez une jolie fête, à laquelle je regrette juste de ne pas avoir pu assister de plus près.
La soirée s’achève sur un dilemme : aller voir MGMT, dont la (mauvaise) réputation live n’est plus à faire et accompagner ses potes ou prendre discrètement la poudre d’escampette pour ne pas attendre des heures une place dans une navette. Merci donc à MGMT d’avoir résolu le problème avec une des plus stupides décisions live de l’année : "this is our last concert for some time, so we’re gonna play our album in the order". Parfait, donc après la 5, je peux me barrer, il n’y a plus rien. MGMT c’est 3 hits (Time to Pretend, Electric Feel et Kids). Trois très bons titres, ayant connu un tel succès, qu’appuyer sur le bouton play suffirait à rendre le public dingue. Le problème c’est que c’est grosso modo ce qui s’est passé. Le groupe est amorphe, joue ses morceaux tels quels sans rien y insuffler. Les déguisements psychés qui donnait un petit cachet à Oracular Spectacular ont été rangés au placard. Sur scène, deux types tout à fait normaux, l’air totalement dépassé. Comme prévu, je décolle dès les dernières notes de Kids retombés (et je ne suis pas le seul apparemment...).
J’ai besoin d’un peu de repos, la journée de demain s’annonce encore plus chargée.
A défaut de pirates, il faut néanmoins se coltiner une autre espèce douteuse, le hipster. Échappé pour l’occasion de son Mission District de résidence, lunettes multicolores, pantalons serrés et pilosité faciale soigneusement négligée. Dès la file d’attente (où l’on essaye en plus de me vendre du space brownie), me voilà rassuré, je suis bien à San Francisco. J’espère qu’il y aura de la boue, ils auront l’air con avec leurs sandales.
Les 45 minutes d’attente pour monter dans les navettes me font craindre le pire pour la fin de soirée mais sont facilement compensés par la vue sur la skyline de San Francisco depuis à peu près n’importe où sur le site du festival. Le festival est de taille modeste (14 000 spectateurs selon les organisateurs, 0 selon la police, totalement absente du week-end), l’ambiance bon enfant, voire franchement hippie (bien aidée par une fouille pas franchement poussée à l’entrée du site) et le temps en ce 17 octobre est celui très agréable d’une fin d’été (on imagine déjà moins un festival en plein air à Chicago à cette période de l’année).
Les deux scènes, à portée d’enceintes l’une de l’autre, mais aucun concert n’étant programmé simultanément, il s’agira juste de faire les bons choix en termes de placement. Certains s’avèreront difficiles, particulièrement le dimanche, mais la possibilité de voir chacun des groupes présents est vraiment appréciable.
Après une impasse faite sur Murs (et un mauvais jeu de mot évité), j’arrive sur place peu après le début du set de Passion Pit. Après avoir déchaîné les passions avec le succès inattendu de Sleepyhead, Passion Pit a peiné à confirmer, se plaçant en sorte de MGMT bis, malgré quelques jolis moment sur album, notamment Moth’s Wings. Verdict semblable sur scène : quelques jolis moments (Sleepyhead et Moth’s Wings en tête) et une performance qui s’accorde bien à l’ambiance et au soleil californien, mais à trop vouloir être hype, le tout semble un peu vain et la voix suraigüe de Michael Angelakos tend parfois vers l’irritant. Les hipsters sont néanmoins contents, j’aurai probablement oublié Passion Pit l’année prochaine. Bonne nouvelle du concert : le son est vraiment bon.
La performance qui suit s’avère beaucoup plus mémorable. La réputation des concerts de Dan Deacon n’est plus à faire et n’est pas volée. Ne vous laissez pas avoir par son physique improbable (gros barbu dégarni et hirsute vêtu d’un jersey de hockey), Deacon est un entertainer, un vrai. Depuis la sortie de Spiderman of the Rings, le bonhomme a eu le temps de rôder son show et malgré tout ce qu’on a déjà pu en lire, la formule surprend toujours. Pour commencer, alors que Deacon a vraisemblablement bidouillé ses albums tout seul, il y a du monde sur scène : 3 percussionnistes, pas moins de 4 claviers placés en cercles, des xylophones, un type déguisé en disque rouge qui sautille et ne sert à rien. A l’image de la musique, c’est un sacré bordel. Rythmiques démentes et hurlements suraigus, accompagnés de quelques transitions mystico-tarés ("Imagine a fictional horse in the majestic heaven") font déjà bouger les pieds de manière incontrôlable.
Mais c’est lorsqu’il fait appel à la foule pour un dance contest ou un tunnel humain que les choses deviennent vraiment folles. Deacon finit le concert épuisé (il enchaînera néanmoins sur un autre concert le soir même à San Francisco) mais visiblement heureux. Le public aussi.
Après avoir, à raison, assisté à ce formidable spectacle depuis la fosse, c’est donc de loin que j’assiste à la performance de The Streets. La performance du britannique détonne un peu par rapport à l’ambiance du festival et Mike Skinner n’hésite d’ailleurs pas à placer quelques remarques bien senties sur l’accoutrement de son public. L’ami Mike aimerait aussi bien que les spectatrices tombent le haut, mais malgré ses appels répétés, aucune ne lui donnera satisfaction. Pour se venger, il n’arrête pas de parler de Sacramento. Je n’ai pas trop compris pourquoi. C’est un peu mon problème avec The Streets ; Skinner a des mélodies plutôt intéressantes, un flow cockney hilarant, place quelques répliques cultes ("I’m not fucking Bon Jovi"). Mais ce serait sans doute mieux si je comprenais ce qu’il raconte…
Une évaluation rapide me permet de classer la performance de DJ Krush dans la catégorie nullissime et il est temps d’aller voir les Brazilian Girls. Soyons concis, c’est nul. Les Brazilian Girls (qui ne compte qu’une représentante du sexe féminin et vienne de New York) sont une espèce d’horreur arty sans nom, mélangeant vaguement les genres, les styles et les langues pour en faire une infâme bouillie sans saveur. Un désastre qui culmine avec une chanson dont les paroles consiste en une répétition sans fin du refrain "Sexy Asshole" par une chanteuse en sous-vêtement sous un déguisement cœur en carton. No comment.
On oublie rapidement tout ça (et le drum’n’bass qui suit sur l’autre scène, par un duo dont j’ai déjà oublié le nom) et on recharge les batteries à coup de hot-dogs hors de prix pour les canadiens de MSTRKRFT à la tombée de la nuit. Je ne connais pas grand chose de leur œuvre et je n’ai toujours pas écouté leurs albums, mais il faut avouer que la performance des deux DJ canadiens, enflammant sans peine un dance-floor de plusieurs milliers de personnes fut plutôt enthousiasmante. Une fois sortis de sous leur table, les deux larrons donnent le ton, il va y avoir de la basse. Armés de leurs moustaches de pédophile (Justice leur doit tout) et leur bouteille de Crown Royal, les deux larrons envoient la purée et mixent les classiques (Daft Punk, Justice, Benni Benassi). Rien de franchement original, mais avec un DJ set de qualité et du gros son, difficile de ne pas se laisser emporter par l’enthousiasme général. Bohemian Rhapsody, improbable conclusion est reprise à l’unisson. Mission accomplie pour MSTRKRFT.
Pas le temps de traîner (ou de se payer un hot-dog hors de prix), Greg Gillis attaque déjà sur l’autre scène. Comme pour Dan Deacon, il y a du monde sur scène, mais ici seul Gillis, aka Girl Talk, fait quelque chose. Un quelque chose qui pourrait ressembler à une imposture puisque l’unique activité du monsieur semble être de s’agiter frénétiquement devant son MacBook. Peu importe, son mashup est tellement entrainant qu’on se laisse prendre au jeu. Le sourire béat du voisin indique généralement qu’il vient de reconnaître un sample. Gillis mélange sans retenue Jay-Z et Nirvana, Radiohead et Eurythmics… et ça marche. Ajoutez à la recette du lancer de rouleau de PQ et des ballons débiles et vous obtenez une jolie fête, à laquelle je regrette juste de ne pas avoir pu assister de plus près.
La soirée s’achève sur un dilemme : aller voir MGMT, dont la (mauvaise) réputation live n’est plus à faire et accompagner ses potes ou prendre discrètement la poudre d’escampette pour ne pas attendre des heures une place dans une navette. Merci donc à MGMT d’avoir résolu le problème avec une des plus stupides décisions live de l’année : "this is our last concert for some time, so we’re gonna play our album in the order". Parfait, donc après la 5, je peux me barrer, il n’y a plus rien. MGMT c’est 3 hits (Time to Pretend, Electric Feel et Kids). Trois très bons titres, ayant connu un tel succès, qu’appuyer sur le bouton play suffirait à rendre le public dingue. Le problème c’est que c’est grosso modo ce qui s’est passé. Le groupe est amorphe, joue ses morceaux tels quels sans rien y insuffler. Les déguisements psychés qui donnait un petit cachet à Oracular Spectacular ont été rangés au placard. Sur scène, deux types tout à fait normaux, l’air totalement dépassé. Comme prévu, je décolle dès les dernières notes de Kids retombés (et je ne suis pas le seul apparemment...).
J’ai besoin d’un peu de repos, la journée de demain s’annonce encore plus chargée.
3 commentaire(s):
je te hais!!!
(mais j'etais au we reco jsp donc ca va je compense)
Attends le résumé du Day 2 (dans 2 mois si je garde le rythme...)
Moi j'attends le compte-rendu du J2 pour te dire que je te hais ;-)
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