
Les locaux de Sleepy Sun, dont j’aurais, j’espère, l’occasion de reparler, joue un peu trop tôt et j’arrive donc pour la fin du set de Thao & The Get Down Stay Down. Pas assez pour me faire une idée. A réécouter si l’occasion se présente. Changement de scène pour aller voir Spiral Stairs. La foule est clairsemée en ce début d’après-midi pour écouter le guitariste de Pavement présenter les titres de son dernier album, The Real Feel. Ce n’est pas désagréable, le jeu de guitare de Scott Kannberg est reconnaissable entre mille et ces musiciens font le boulot. Mais on sent qu’il manque quelque chose. Stephen Malkmus peut-être ? C’est d’autant plus flagrant lorsque le groupe reprend Pavement. Avec pour principale conséquence de ne vous faire attendre avec impatience la tournée de reformation prévue pour 2010. "I hope to play that again someday. Do you think it will happen?"
Direction la grande scène pour un groupe qui colle à merveille à l’ambiance du festival : Edward Sharpe and the Magnetic Zeros. Le leader du groupe, qui ne s’appelle pas Edward Sharpe (mais Alex Ebert), est la chainon manquant entre Devendra Banhart et Jésus. Grand, ascétique, cheveux longs, pantalon bouffant, rapidement torse-nu et adoptant à l’occasion quelques postures christiques, il semble tout droit échappé du Haight-Ashbury des 60’s. Up From Below, enregistrement freak-folk néo-hippie est l’album que Banhart aimerait réussir à ressortir. Le groupe dans son ensemble affiche une belle communion et la bonne humeur est communicative (à moins que ce ne soit les volutes de fumée qui s’élève du public). Ça siffle, le claviériste joue par terre, les trompettes s'en mêlent et tout le monde est hilare. On peut ne pas adhérer à l’état d’esprit, difficile de ne pas se laisser charmer par ces Magnetic Zeros. Une bande d'aliens, incognitos en tribune a en tout cas l'air d'apprécier.
J’esquive la performance de Vetiver, dont l’album de folk gentillet ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable et reste sur la grande scène. Car derrière, c’est Grizzly Bear qui débarque pour défendre Veckatimest, sensation indie de l’année. Débarquer est un bien grand mot, car même si le public leur réserve un accueil triomphal, Grizzly Bear reste un groupe de garçons bien propres sur eux. Veckatimest est parfaitement éxécuté, produit, réfléchi jusque dans ses moindres détails et les qualités d’écriture du groupe sont irréfutables. Two Weeks et Ready, Able sont deux des plus beaux morceaux écrits cette année. Mais j’en viens parfois à espérer un grain de folie qui rendrait le tout complètement inoubliable. Même constat pour la prestation live. Tout est parfait, le son est fabuleux, les arrangements millimétrés. Je ne peux cependant m’empêcher de trouver ça un peu froid. La météo n'aide pas (le vent siffle dans les micros entre les morceaux) et Edward Droste a revêtu son plus bel imperméable pour l'occasion.Que dire de The Walkmen ? Que Hamilton Leithauser est le chanteur le plus classe du monde ? Qu’il renvoie à ses cours de chant n’importe qui tenterait de l’imiter ? Que le groupe derrière lui n’est pas non plus pour rigoler ? Que The Rat est le meilleur morceau rock de ses dix dernières années ? ‘nuff said comme on dit ici.
Le feu d’artifice continue, sous la forme d’un opéra rock offert par The Decemberists, avec un Hazards of Love joué dans sa quasi intégralité. Si ce choix a pu laissé sur sa faim les fans du groupe, pour le néophyte il s’avère judicieux. Avec ses thèmes récurrents, ses changements de personnage et ses ambiances élaborées, soutenues par un film d’animation particulièrement développé (et accessoirement souvent hypnotisant), The Hazards of Love se révèle plus qu’un simple album et révèle toute son étendue, dans la lignée d’autres grands concept albums.
Le début du set de Yo La Tengo se révèle presque la première déception depuis plusieurs heures. Les titres du dernier album (Here to Fall, Periodically Double or Triple) semblent mal adaptés à la scène et peinent à faire décoller le concert et à convaincre les spectateurs. D’autant plus que sur la grande scène, beaucoup sont déjà aux premières loges pour se faire rouler dessus par Wayne Coyne (on y revient). Mais il suffit à Ira Kaplan et ses troupes d’embrayer sur les vieux classiques (Decora, Stockholm Syndrome, I Heard You Looking) et les expérimentations bruitistes pour instantanément se remettre au niveau de la journée. Les efforts du trio d’Hoboken parviennent même à faire tourner quelques têtes dans les files d’attente devant les stands de nourriture. Un signe qui ne trompe pas. Rendez-vous est pris dans une ambiance plus intimiste.



1 commentaire(s):
L'enchaînement Grizzly Bear/Beirut/Walkmen ça fait mal quand même!
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