A chaque fois, c’est la même histoire : journée pourrie, salle de concert à plus d’une heure porte à porte, coup de flemme, coup de fatigue : j'y vais, j'y vais pas ?
La question s’était déjà posée plusieurs fois. La veille par exemple. Après quelques tergiversations, je m’étais décidé à me traîner jusqu'à cette salle de concert, au milieu du quartier le plus pourri de San Francisco. Ayant évité plusieurs fois de me faire agresser en chemin, j’arrive devant la salle. Là, personne. Le panneau annonce fièrement : Do Make Say Think, Tue. Un lundi soir. Et merde.
Mardi soir, donc : ma motivation est encore plus basse que la veille, mais un semblant d’orgueil (et le billet déjà payé à retirer au guichet) me pousse quand même à retourner au Great American Music Hall.
Bien m’en a pris. À chaque fois c’est la même histoire, je prends une énorme claque.
Bien m’en a pris. À chaque fois c’est la même histoire, je prends une énorme claque.
On pourra arguer sur la sur utilisation de la métaphore dite du « dans ta face », mais dans le cas de Do Make Say Think, l’implication physique est bien réelle. Un mur du son sur lequel vous pourriez vous appuyer, qui vous enserre comme une nasse pour ne plus vous relâcher, des crescendos qui font se dresser tout ce que votre corps compte de pilosité sur tout ce qu’il a d’épiderme, puis une envie compulsive d’acheter tous leurs disques à la sortie.
Le blog San Franciscain Spinning Platters l’écrit très bien (et je reprends lâchement), la formule Do Make Say Think est simple et plus ou moins toujours la même : « construire un morceau autour de riffs répétés, de plus en plus intense, de plus en plus fort. Empiler les instruments des 9 personnes sur scène. Jouer toujours plus fort, jusqu’à ce que vous ne pouviez plus jouer plus fort, puis montez le volume. Continuez à construire, encore et encore, jusqu’à atteindre un gigantesque paroxysme ».
Évidemment, c’est plus ou moins la même chose pour chaque groupe de post-rock. A chaque fois, on se dit que cette fois on ne va pas se faire avoir, qu’à nous on ne le fait plus. Et comme l’année dernière sur album avec The Other Truths, on est encore pris au dépourvu par la maîtrise totale de la recette par les Do Make Say Think, qui arrivent à allier perfection technique et décharges émotionnelles dans un seul et même crescendo.
Do, morceau inaugural de The Other Truths sonne le début d’une charge qui ne connaîtra pas de temps mort. Make et Say y passeront aussi, avant que le groupe n’accélère la cadence avec une série de titres plus courts, frénétiques et quasiment dansants. Sur Executioner Blues ou Horns of a Rabbit, les jambes et le public s’emballent et la réponse physique aux charges sonores de DMST se fait encore plus forte. Le retour à la réalité, via un encore plus calme, est presque dispensable, mais loin de gâcher un concert exemplaire, preuve supplémentaire qu’il est parfois bon de faire l’effort de sortir de chez soi pour pleinement apprécier la musique.
0 commentaire(s):
Enregistrer un commentaire