Ce que j'aime chez les peintres impressionnistes, c'est cette capacité à construire leurs tableaux par petites touches. Et si on regarde de près, c'est tout moche. Si on pouvait ressuciter Jean Monnet, lui faire peindre un tableau, filmer et passer le tout en accéléré, ça ferait peut-être une bonne vidéo virale sur Youtube.

Après le paragraphe précédent, vous devriez normalement être à l'étape "What the fuck?". En fait Parallel Lines de Junior Boys, c'est un peu tout ça. Un son 8 bit qui tout seul ne ressemble à rien, une construction progressive par petites touches. Et un résultat final fascinant, résultat de l'empilement de toutes ces couches où chacune d'elle semble enfin prendre tout son sens.

Idem pour A Paw In My Face de The Field, où le sample de base, vraisemblablement tiré d'une BO d'ascenseur est répété à l'infini, légèrement altéré à chaque fois, recouvert d'autres samples. Et sans qu'on s'en rende vraiment compte, le son prend de l'ampleur et gagne en richesse, vers une explosion finale qui finalement n'arrive jamais vraiment. Car ici, pas de break grandiloquent à la Echoes de Pink Floyd, pas d'explosions de beat Ibiza Style. La montée en puissance se suffit finalement à elle-même. La musique de The Field peut sembler banale et peut parfaitement convenir en musique d'ambiance, de la même manière qu'on accroche un tableau à un mur simplement pour remplir le vide. Mais si on s'y attarde, si on s'intéresse à ces petits détails et à sa construction, elle peut vite devenir hypnotisante.

Les deux groupes viennent chacun de sortir un nouvel album, Yesterday and Today pour The Field et Begone Dull Care pour Junior Boys, disponibles dans toutes les bonnes galeries.


Pour finir, difficile de parler de Parallel Lines sans penser à l'album éponyme de Blondie, dont est extrait le bijou power-pop Hanging On The Telephone.

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