Enseignement à retenir de ce concert :

Pour éviter l'asphyxie sous les coussins, faire 3 rappels.


Reprenons depuis le début. Avant-dernière soirée de ce bien joli festival des Nuits de Fourvière. Changement radical de public. De 18-20 ans avec chapeaux et vestons, on passe à un public de quadras. Hormis quelques ados que leurs parents ont dû trainer là ce soir, je dois être le plus jeune de l'amphithéâtre. Amphithéâtre qui n'a pas tout à fait fait le plein ce soir. D'autant plus que des chaises ont fleuri dans la fosse, limitant donc le nombre de personnes pouvant y prendre place. Et l'ambiance. Mais nous y reviendrons.

La soirée commence d'abord par la prestation de Marianne Faithfull. Je ne le cacherai pas, je ne connaissais rien de la dame avant ce soir, hormis sa liaison avec Mick Jagger et le fait qu'elle ait écrit Sister Morphine sur l'album Sticky Fingers des Stones (l'un des rares albums du groupe que j'apprécie pleinement soit dit en passant). La configuration assise des lieux sied en fait plutôt bien à la performance. Une performance plutôt orienté auditorium : public calme mais attentif, son de qualité, musicien "pros". Rien de transcendant ni de franchement mémorable, mais un bon moment à découvrir les classiques de la Faithfull (As Tears Go By et Broken English si j'ai bien suivi). Sont conviées les mémoires d'Otis Redding, Billie Holiday ou encore Jeff Buckley à qui Marianne dédie la performance (pour une raison dont je n'arrive plus à me souvenir).

La voix est marquée par l'alcool, les drogues et les abus en tout genre mais encore capable de belles choses, comme sur ce Sister Morphine, annoncé comme sa "pièce de résistance", en français dans le texte ou cette belle reprise du Dear God, Please Help Me de Morrissey. Une performance tout en retenue, pas franchement indispensable, mais pas désagréable et une introduction tout en sobriété au répertoire de celle qui fut pendant des années l'illustration du rock'n'roll way of life et de tous ses excès.


25 minutes de pause plus tard, le temps de tout déménager et d'installer une armée de percussions et David Byrne, roi attendu de la soirée, fait son entrée, tout de blanc vêtu, accompagné de ses musiciens et de trois danseurs, tout aussi blancs. Et attaque avec Strange Overtones, meilleur morceau (et accessoirement présent dans mon top de fin d'année) de sa dernière collaboration avec Brian Eno , Everything That Happens Will Happen Today. Tout de suite après, ce sont les percussions du très world I Zimbra qui résonnent sur les hauteurs de la colline de Fourvière. Le public reste pour l'instant bien calme. L'animation elle, est sur scène. L'ensemble du show est chorégraphié avec trois danseurs, Byrne et ses trois choristes étant régulièrement intégrés au mouvement. Si je ne suis pas un fan inconditionnel de danse, je dois me forcer d'avouer que la prestation est particulièrement réussie. La chorégraphie s'accorde particulièrement aux mélodies à tendance world de l'ex-leader des Talking Heads et donne un grand dynamisme à l'ensemble, qui captive les yeux aussi bien que les oreilles.

Au centre de cela, trône le roi David, rayonnant dans son ensemble immaculé, parfaitement accordé à sa couleur de cheveux. La présence scénique est remarquable et la performance vocale est impressionnante (Heaven, à ce titre, fut particulièrement marquant). Ce qu'il a perdu en étrangeté par rapport à sa prestation dans Stop Making Sense, David Byrne semble l'avoir gagné en charisme. Il est sûr de son show et il a bien raison. Les musiciens sont bons, le son est une fois de plus excellent et même certaines compositions du dernier album, pas forcément au niveau des succès passés, reluisent d'un nouvel éclat.

La setlist oscille entre titres Everything That Happens, classique des Talking Heads et morceaux de l'avant-gardiste My Life In The Bush of Ghosts, avec une grande cohérence et un niveau d'excellence impressionant.

Arrivé en milieu de set, les bords de la fosse commencent à remuer. Certains réclament qu'on enlève les chaises pour libérer des jambes qui ne demandent qu'à bouger. David apprécie, mais suggère d'attendre un ou deux morceaux. Deux morceaux plus tard, le combo Once In A Lifetime / Life During Wartime fait enfin se lever les spectateurs lyonnais et on assiste à une étrange migration entre spectateurs de la fosse remontant s'assoir dans les gradins tandis que les plus remuants font le chemin inverse.

Le Take Me To The River d'Al Green, éxécuté en guise de premier rappel, continue sur cette lancée et occasionne un premier jet de coussins, sous le regard pétillant d'un David Byrne visiblement très en forme. Road To Nowhere et Burning Down The House, finissent (littéralement pour Burning Down The House, joué tous projecteurs dehors) de rallumer la flamme nostalgique dans le public. Avant une dernière pluie de coussins et un troisième retour. Everything That Happens clôture cette belle soirée. Les spectateurs sont à court de munitions. David Byrne est bien trop malin pour subir le même sort que Damon Albarn.

A lire aussi : le très bon compte-rendu de Donjipez.

Pour les photos, j'ai un peu triché, celles-ci viennent de You Ain't No Picasso et de la performance à Bonnaroo en juin. Pour la setlist, j'ai extrapolé à partir des dates précédentes, mais ça devait être à peu près ça :

Setlist David Byrne :

Strange Overtones
I Zimbra
One Fine Day
Help Me Somebody
Houses in Motion
My Big Nurse
My Big Hands
Heaven
Air
Life Is Long
Cross-eyed & Painless
Once in a Lifetime
Life During Wartime
I Feel My Stuff

Take Me to the River
The Great Curve

Road to Nowhere
Burning Down the House

Everything That Happens

1 commentaire(s):

Anonyme a dit…

Super compte rendu d'une soirée dont je me souviens encore après quinze jours de hamac sous un arbre ;-). Mervi pour le lien ^^