Comment attaquer un monument ?

Comme le dit si bien J. Crosby d'Aquarium Drunkard en parlant d'un autre monument, tout a déjà été dit sur cet album et cette chanson, par des personnes plus au courant, plus érudites, plus intelligentes, plus vivantes en 1969. Si je tentais d'écrire la moindre analyse objective de ce titre, ce serait pour me rendre compte que quelqu'un a déjà écrit un livre sur le sujet. Et quelqu'un d'autre un livre sur le livre.


Je pourrais essayer d'expliquer pourquoi cette chanson est importante pour moi. Mais même là...

Pourquoi suis-je touché à ce point par un jam de guitare, sans queue ni tête, aux paroles absconses, écrit par un canadien hirsute et une bande de bras cassés ? Pourquoi est-ce qu'à chaque fois que les premiers accords résonnent, quel que soit le jour, quel que soit l'heure, dix minutes de ma vie disparaissent dans un trou noir ? Ce type, qui a 23 ans, traverse les États-Unis en corbillard, sait déjà qu'il passera sa vie à faire de la musique ou mourra en essayant, choisit ses musiciens pour le feeling plus que pour les compétences et écrit le morceau parfait avec 39 de fièvre, c'est quelqu'un que je ne serai jamais. Tant pis, tant mieux, je ne sais pas. I don't care.

Me demander pourquoi j'aime Cowgirl in the Sand, c'est me demander pourquoi j'aime la musique ou pourquoi des comptables à lunettes écoutent du Death Metal. Ou son âge à une dame. Ça ne se fait pas.

De toute façon, soit vous adorez déjà Cowgirl in the Sand et peu importe ce que je pourrais dire. Soit vous vous en foutez éperdument et toutes mes élucubrations ne servent pas à grand chose. Le seul cas de figure qui m'est favorable serait que vous n'ayez jamais entendu la chanson et que sa délicate mélodie effleure vos oreilles pour la première fois en ces lieux. Ce serait déjà une récompense. Comme le jour de ce cours d'anglais en 2008 où parmi les 15 personnes à qui j'ai réussi à passer les 12 minutes de Cowgirl, 3 m'ont récupéré l'album le soir-même. Mais je m'égare.


Hello Cowgirl in the Sand!

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