En attendant, peut-être, quelque chose de plus détaillé et après le top des blogueurs, retrouvez le top de la rédaction d'indiepoprock.net (dont, cela a pu vous échapper, je fais désormais partie). Utile si vous êtes à la bourre pour ce soir.
Sleepy Sun, nouvel évadé de la scène de la Bay Area joue aussi pleinement cette carte revivaliste/passéiste/nostalgique. Malgré ce que le titre, Embrace, pourrait laisser croire, il n'est point question ici d'emo larmoyante pour teenager, mais plutôt de rock psyché, tendance pachydermique. Si le nom de l'album peut prêter a confusion, l'ambivalence du patronyme du groupe lui colle, lui, a merveille : le New Age inaugural est une rêverie psychédélique interrompue à intervalle régulier par des éruptions de guitare. Si son introduction est plutôt gentillette, les guitares de Sleepy Son, elles n'ont qu'une envie : vous enfoncer dans le sol en vous tapant très fort sur le crâne.
White Dove, point culminant de l'album illustre à merveille cet oxymore, le solo de batterie Bonhamien y est suivi... d'un folk hippie à l'harmonica.
Pas besoin de chercher bien loin l'influence majeure de Sleepy Sun, le Zeppelin de plomb est à l'honneur. Comme le faisait le Zep', les californiens alternent entre titres calmes quasi-acoustiques, tendance pastorale Bilbo le Hobbit et rock chevelu sous influence. L'intro de Red/Black, et son intro à la guitare pincée, a du être écrite en hommage à Jimmy Page
Dommage que contrairement aux anglais, les californiens n'excellent vraiment que lorsqu'ils lâchent les chevaux. Snow Goddess ennuie ferme, jusqu'à ce que les guitares ne s'envolent dans un tourbillon psychédélique assez jouissif. N'est pas Robert Plant qui veut.
Pour les amateurs de rock 70's et d'envolées psychédéliques, Embrace offre un revival plus qu'agréable, à l'image du In The Future de Black Mountain l'année dernière. Un album totalement rétro dont on pourra garder le vinyl de côté pour l'entraînement hebdomadaire d'Air Drums.
Sleepy Sun on MySpace
Le Top Blogueurs 2009 : La sélection des meilleurs albums de l’année :
Le Top des Blogueurs regroupe 37 passionnés de musique réunis autour d'un classement des meilleurs albums de l'année avec pour objectif de défendre leurs coups de cœur et découvertes sans pour autant négliger les incontournables de 2009. Après de longs débats et plus de 580 disques cités, nous sommes heureux de vous présenter cet article collaboratif publié à l'identique sur tous nos blogs !
St Vincent - Actor
Panda Panda : Dans le monde merveilleux d’Annie Clark, les instruments à vent et à cordes dansent ensemble d’une jolie manière, parfois balayés par l’horreur tapie dans un coin qui ressurgit sous la forme de déflagrations électriques et tordues, l’imaginaire de la belle étonne et ne ressemble à nul autre avec ses cent idées à l’heure. C’est donc tout naturellement et avec un plaisir immense qu’on retrouve ce drôle d’Actor à cette vingtième place. (A lire également la chronique d’Olivier)
Marie-Flore - More than thirty seconds if you please
Arbobo : Le parcours de trop de "grands" a fait oublier combien un premier disque pouvait être fort, déjà brillant, déjà puissant. Combien c'est rare de faire des débuts aussi bluffants. L'air de rien, Marie-Flore réussit à nous faire lever les poils du premier au dernier titre. Avec ses morceaux tout sauf standard, son sens de la mélodie et sa voix sortie d'un livre de sortilèges, on se demandait si elle saurait nous impressionner autant sur disque qu'elle le fait sur scène. Oui, évidemment, oui. (A lire également la chronique de Benjamin F)
The Tiny - Gravity & Grace
Saab : Trop souvent, on voudrait intellectualiser la musique, qu'elle rentre dans un format cartésien nous permettant de différencier la bonne de la mauvaise. Mais la musique est essentiellement une question d'émotions et le groupe suédois The Tiny en témoigne avec leur troisième album Gravity and Grace, petit chef d'oeuvre inclassable entre folk boisé et pop de chambre. Le chant déchirant d'Ellekari Larsson y est inoubliable. (A lire également la chronique de Daniel)
The XX- S/T
Christophe : Le buzz est un fleuve intarissable qui prend sa source, selon les cas, à Londres ou Brooklyn. Concernant The XX, c’est de la capitale anglaise qu’est parti l’incendie cold-wave et il a tout ravagé sur son passage, jusqu’au line-up du groupe amputé depuis d’un de ses membres. Il y a comme toujours avec ce genre de phénomène, les « pour » et les « anti » mais une chose est sûre, The XX aura marqué d’une belle empreinte l’année 2009. (A lire également la chronique de Paul)
Fever Ray - Fever Ray
Kris : Il se déroule toute une vie parallèle dans les univers perpétuels de The Knife, et aujourd’hui chez Karin Dreijer Andersson en solo sous le pseudo de Fever Ray. Chaque rythme, chaque production, chaque profondeur atteint dans cet album sonne comme des anathèmes foudroyants du monde qui est le nôtre. Cette rugosité empathique, cette urgence apocalyptique, font de Fever Ray une expérience incontournable et impitoyable. (A lire également la chronique de Rod)
Benjamin Biolay - La Superbe
Romink : Conquis, comme tombé sous les charmes de La superbe. Un disque d’hiver, enivrant, enveloppant et compact à la fois malgré son format. Pudique et exhibitionniste, parfois dur, parfois tendre, il berce, stresse, repose et interroge. Comme une météorite qui pénètre l’atmosphère, le double album de Benjamin Biolay illumine l’automne et laissera, c’est certain, son empreinte dans la mémoire collective. (A lire également la chronique de JS)
Dominique A - La Musique
Christophe : Depuis la mort de Bashung, ils ne sont plus très nombreux les artistes français capables de réconcilier les amoureux de chansons à texte,à la française, et les adeptes de mélodies pop-rock à l’anglo-saxonne. Dominique A est de ceux-là, sans doute même son plus beau représentant. Après presque 20 ans de carrière, il vient une nouvelle fois de prouver tout son talent sur un double album somptueux. (A lire également la chronique de Benoit)
Current 93 - Aleph at Hallucinatory Mountain
Mr Meuble : Album à l'image du groupe, trouble, halluciné et vibrant. Les chants tibétains y côtoient les chants de Maldoror et milles expérimentations cathartiques. Un voyage fascinant qui sonne à la fois comme la bande son de l'apocalypse et celle de la rédemption. (A lire également la chronique de Twist)
Converge - Axe to fall
Systool : Inutile de le nier, Converge aura une fois de plus attaqué notre cortex de plein fouet via les constructions complexes et les guitares abrasives de Axe to Fall. Si on peut louer les collaborations de membres éminents de Neurosis, Cave In ou encore Genghis Tron, on sait pertinemment que tout le mérite revient à Jacob Bannon et à ses trois acolytes. Une écoute traumatisante, indispensable pour cette année 2009 résolument folky. (A lire également la chronique de Benjamin F)
Bill Callahan - Sometimes I Wish We Were An Eagle
Dali : Il se cachait depuis longtemps derrière le pseudo Smog, Bill Callahan sortait cette année un deuxième album en son nom propre : Sometimes I Wish We Were An Eagle. Un disque folk mélancolique et doux, aux mélodies subtiles, en apparence un peu austère : à l'image de Callahan lui même, droit, un peu grave et d'une classe folle, qui se bonifie avec le temps, et les écoutes. (A lire également la chronique de Thibault)
DM Stith - Heavy Ghost
Disso : Cet album est un chef d'œuvre empli de grâce et de douceur. Des fantômes sur la pointe des pieds dansent sur la mousse des sous-bois, les anges emplissent l'air de leurs chœurs et DM Stith, berger mystique d'une troupe céleste, nous envoute avec sa musique au charme gracile et glacial. (A lire également la chronique de Erwan)
The Limes - S/T
Violette : Un « Groupe Super » où chacun apporte son énergie, sa douceur et sa poésie au petit édifice pour rendre ce premier disque, à première vue basique, unique une fois dans la platine. On ne peut s’empêcher d’être fier et rassuré de voir une jeune relève française sachant s’affranchir des frontières pour notre bien (essayez donc de lire cette phrase à haute voix !). (A lire également la chronique de Arbobo)
Vic Chesnutt - At the Cut
Mmarsupilami : Vic Chesnutt, vingt ans de carrière, quinze albums et un couronnement de plus avec At The Cut. Les complices musiciens du label Constellation s’effacent pour créer une oppressante ambiance musicale faite de cordes, drones et menaces. La voix de Chesnutt zèbre et éclaire cet orage électrique de sa fulgurance. Prises au piège de l’humanité, les pierres en pleureraient... (A lire également la chronique de Thomas)
Cougar - Patriot
Anousonne : Cougar est une des surprises de l’année, mais amplement méritée tant Patriot a réussi à synthétiser le raffinement de Tortoise, l'intensité fleuve d'un Do Make Say Think tout en s'accordant des plongées mélodiques échappées du cerveau de Four Tet. Patriot est un album angulaire, instrumental, bruyant, puissant, jouissif, intense où Cougar redéfinit musicalement sa vision du post-rock. (A lire également la chronique de Martin)
Aufgang - S/T
Benjamin L : « 2 pianos, 1 batterie : ascenseur pour l’inouï », voila comment est vendu Aufgang par son label. En réalité, l’album est tout simplement un des projets les plus ambitieux de ce début de siècle. Un savant mélange entre musique électronique et musique classique, composé comme un mouvement symphonique, avec un début, une fin et surtout un contenu. Précis, incisif, puissant mais mélodieux, cet album pourrait, d’ici quelques années, servir de manifeste à une nouvelle génération de musique. (A lire également la chronique de Violette)
Danger Mouse & Sparklehorse - Dark Night of the Soul
Laurent : Un casting trop luxueux face à un producteur trop en vue, le tout magnifié par les images de David Lynch, Dark Night Of The Soul avait tout pour n’être qu’un feu de paille de plus. Mais c’était sans compter sur le songwriting de Mark Linkous qui insuffle ici une vraie cohérence via des instrumentations racées, écrin idéal pour les voix abîmées de Vic Chesnutt, Franck Black et Iggy Pop. Au final, une œuvre où les talents ne nuisent jamais à l’intimité. (A lire également la chronique de Ju)
Fuck Buttons - Tarot Sport
Ed Loxapac : Le duo Fuck Buttons transforme l'essai avec le magistral Tarot Sport. Bien aidés par la production d'Andrew Weatherall, ils réalisent un album épique, telle une déflagration sonique digne d'un moteur d'avion au décollage. Diffusant un air étrangement euphorisant, Tarot Sport franchit le mur du son en ne laissant derrière lui que cendres et poussières. (A lire également la chronique de Eddie)
Animal Collective - Merriweather Post Pavilion
Sfar : 2008 déjà : un EP époustouflant, des versions live prometteuses d’un album à venir. Mi janvier 2009 : personne ne sort indemne de la sortie de Merriweather Post Pavilion. On évoque alors tout et son contraire : de l’œuvre géniale à l’imposture musicale. Une tournée, une année sont passées et l’album est toujours présent sur nos platines. CQFD. (A lire également la chronique de François)
Grizzly Bear - Veckatimest
Mathieu G : Veckatimest possède une indéniable force mélodique, quelque chose qui redonne à la pop un peu de son sens originel, la bande son qui améliorerait les petits tracas de notre vie quotidienne. En étant à la fois acoustique et puissant dans ses constructions qui partent dans une multitude de directions ; Grizzly Bear vient de réaliser le grand moment pop de l’année. (A lire également la chronique de Julien)
Ramona Falls - Intuit
Lyle : Qui l'aurait cru en début d'année : un album du leader de Menomena classé ici ? Mais sous le nom de Ramona Falls, Brent Knopf, accompagné d'un tas d'amis, a mis de l'ordre dans la pop foutraque de son groupe pour en garder le meilleur : une musique aux influences variées, complexe dans ses arrangements mais extrêmement entrainante et accessible. Digne d'être plébiscitée par le plus grand nombre. (A lire également la chronique de Thibault)
Les participants au Top des Blogueurs 2009 :
Anousonne de Grandcrew ; Benjamin F de Playlist Society et du Ricard sa Live Music ; Benjamin L de Soul Kitchen, Benoit de Pop Revue Express, de Hop Blog et de Benzine ; une bonne partie de l’équipe de Dans le mur du son : avec Arbobo de Arbobo, Erwan de The man of Rennes steals our hearts, Lyle de J’écoute de la musique de merde, Thomas du Golb et de Culturofil, et Twist de I left without my hat ; Dali de This Is All About Audio Dynamite ; Daniel de Listen See Feel ; Disso de Derrière la fenêtre ; Ed Loxapac de Chroniques Electroniques ; trois Indie Pop Rockeurs avec Christophe de La Tête à Toto, Mathieu de Ramdom Songs et Paul de Pomme de Pin ; Eddie du Choix de Mlle Eddie ; François de Dans Mon Mange-Disque ; JS de Good Karma ; Ju de Des Oreilles Dans Babylones ; Julien de Des Chibres et Des Lettres et de Goûte mes Disques ; Kris d’Au bout du chemin et de Sound Of Violence ; Laure de Not For Tourists ; Laurent de Rocktrotteur ; Martin de Branche Ton Sonotone ; Mmarsupilami de Little Reviews ; Mr Meuble de Sous les pavés, la Plage ; Olivier de Feu à Volonté ; Panda Panda de Ears of Panda ; Pierre de Musik Please ; Rod du Hiboo ; Romink de My(Good)Zik ; Saab de With Music In My Mind ; Sfar de Toujours un coup d’avance ! ; Systool du Gueusif Online ; Thibault de La Quenelle Culturelle et Violette des Rigolotes chrOniques futiLes et insoLentes
Vous pouvez retrouvez l’intégralité des disques cités dans le classement ici
Chef de projet : Benjamin F / Conception et Logo : Laurent / Communication : Waaa
Les locaux de Sleepy Sun, dont j’aurais, j’espère, l’occasion de reparler, joue un peu trop tôt et j’arrive donc pour la fin du set de Thao & The Get Down Stay Down. Pas assez pour me faire une idée. A réécouter si l’occasion se présente. Changement de scène pour aller voir Spiral Stairs. La foule est clairsemée en ce début d’après-midi pour écouter le guitariste de Pavement présenter les titres de son dernier album, The Real Feel. Ce n’est pas désagréable, le jeu de guitare de Scott Kannberg est reconnaissable entre mille et ces musiciens font le boulot. Mais on sent qu’il manque quelque chose. Stephen Malkmus peut-être ? C’est d’autant plus flagrant lorsque le groupe reprend Pavement. Avec pour principale conséquence de ne vous faire attendre avec impatience la tournée de reformation prévue pour 2010. "I hope to play that again someday. Do you think it will happen?"
Direction la grande scène pour un groupe qui colle à merveille à l’ambiance du festival : Edward Sharpe and the Magnetic Zeros. Le leader du groupe, qui ne s’appelle pas Edward Sharpe (mais Alex Ebert), est la chainon manquant entre Devendra Banhart et Jésus. Grand, ascétique, cheveux longs, pantalon bouffant, rapidement torse-nu et adoptant à l’occasion quelques postures christiques, il semble tout droit échappé du Haight-Ashbury des 60’s. Up From Below, enregistrement freak-folk néo-hippie est l’album que Banhart aimerait réussir à ressortir. Le groupe dans son ensemble affiche une belle communion et la bonne humeur est communicative (à moins que ce ne soit les volutes de fumée qui s’élève du public). Ça siffle, le claviériste joue par terre, les trompettes s'en mêlent et tout le monde est hilare. On peut ne pas adhérer à l’état d’esprit, difficile de ne pas se laisser charmer par ces Magnetic Zeros. Une bande d'aliens, incognitos en tribune a en tout cas l'air d'apprécier.
J’esquive la performance de Vetiver, dont l’album de folk gentillet ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable et reste sur la grande scène. Car derrière, c’est Grizzly Bear qui débarque pour défendre Veckatimest, sensation indie de l’année. Débarquer est un bien grand mot, car même si le public leur réserve un accueil triomphal, Grizzly Bear reste un groupe de garçons bien propres sur eux. Veckatimest est parfaitement éxécuté, produit, réfléchi jusque dans ses moindres détails et les qualités d’écriture du groupe sont irréfutables. Two Weeks et Ready, Able sont deux des plus beaux morceaux écrits cette année. Mais j’en viens parfois à espérer un grain de folie qui rendrait le tout complètement inoubliable. Même constat pour la prestation live. Tout est parfait, le son est fabuleux, les arrangements millimétrés. Je ne peux cependant m’empêcher de trouver ça un peu froid. La météo n'aide pas (le vent siffle dans les micros entre les morceaux) et Edward Droste a revêtu son plus bel imperméable pour l'occasion.
Il suffirait de peu. Lorsqu’un rayon de soleil réussit enfin à percer et à nous réchauffer un peu, à l’exact moment où Ready, Able entame sa montée en puissance, on touche au sublime. Dommage qu’il manque ce petit quelque chose pour vraiment faire la différence le reste du temps. Trop sages, Grizzly Bear ?
Arrivé à ce point, viens mon principal regret du festival : avoir profité du concert de Bob Mould pour me reposer un peu (et donc manqué la prestation de l’ancien leader d'Hüsker Dü). J’avoue (avec un peu de honte) n’avoir jamais écouté Hüsker Dü avant le festival. J’ai rattrapé mon retard depuis en achetant la quasi-intégralité de leur discographie.
Coming next : Beirut. J’avais beaucoup écouté Gulag Orkestar, beaucoup moins The Flying Club Cup et pas du tout le double EP sorti l’année dernière. Un peu de lassitude face à une formule qui tourne en rond ? Peu importe, dès les premières notes, toute inquiétude est balayée. Déjà, le son est excellent. Voire plus. Sans doute le meilleur qu’il m’ait été donné d’entendre à un concert « rock », qui plus est en plein air où la médiocrité règne généralement. La qualité était déjà très bonne, mais là on atteint définitivement un sommet. Forcément ce qui suit n’en est que plus agréable. Derrière, la prestation offerte par la troupe cuivrée de Zach Condon est du même niveau. C’est à dire parfaite.
Il faut dire que j’ai une affection particulière pour les cuivres (cette saleté de saxophone n’est pas un cuivre) et qu’un final à la trompette bien mené a de grandes chances de me faire chavirer (cf. Fake Empire, Alone Again Or ou tout bon morceau d’Okkervil River). Peu importe les morceaux joués, quels que soient les reproches que j’ai pu faire à Beirut, les voilà donc effacés d’un coup de trompette magique. Avec le soleil couchant qui se permet d’offrir quelles jolis reflets pour accentuer le tout. Magique. Définitivement le meilleur adjectif pour décrire ce qui vient de se passer.
Les choses auraient pu s’arrêter là. Mais elles ne font que commencer. Le soleil se couche au dessus de San Francisco offrant une ambiance crépusculaire tout à fait propice à l’entrée en scène des Walkmen. Lumière rouge sur la scène. Ciel rouge en arrière-plan.
Que dire de The Walkmen ? Que Hamilton Leithauser est le chanteur le plus classe du monde ? Qu’il renvoie à ses cours de chant n’importe qui tenterait de l’imiter ? Que le groupe derrière lui n’est pas non plus pour rigoler ? Que The Rat est le meilleur morceau rock de ses dix dernières années ? ‘nuff said comme on dit ici.
Le feu d’artifice continue, sous la forme d’un opéra rock offert par The Decemberists, avec un Hazards of Love joué dans sa quasi intégralité. Si ce choix a pu laissé sur sa faim les fans du groupe, pour le néophyte il s’avère judicieux. Avec ses thèmes récurrents, ses changements de personnage et ses ambiances élaborées, soutenues par un film d’animation particulièrement développé (et accessoirement souvent hypnotisant), The Hazards of Love se révèle plus qu’un simple album et révèle toute son étendue, dans la lignée d’autres grands concept albums.
Le début du set de Yo La Tengo se révèle presque la première déception depuis plusieurs heures. Les titres du dernier album (Here to Fall, Periodically Double or Triple) semblent mal adaptés à la scène et peinent à faire décoller le concert et à convaincre les spectateurs. D’autant plus que sur la grande scène, beaucoup sont déjà aux premières loges pour se faire rouler dessus par Wayne Coyne (on y revient). Mais il suffit à Ira Kaplan et ses troupes d’embrayer sur les vieux classiques (Decora, Stockholm Syndrome, I Heard You Looking) et les expérimentations bruitistes pour instantanément se remettre au niveau de la journée. Les efforts du trio d’Hoboken parviennent même à faire tourner quelques têtes dans les files d’attente devant les stands de nourriture. Un signe qui ne trompe pas. Rendez-vous est pris dans une ambiance plus intimiste.
Quoi de tel pour clôturer cette bien belle journée qu’un grand feu d’artifice. C’est à peu près ce à quoi ressemble un concert des Flaming Lips. Entrée en scène via une interprétation assez littérale du nom du groupe, canons à confettis, ballons géants lancés sur la foule, budget figurants inutiles explosé, le rituel est désormais connu mais fait toujours son effet. A commencer par l’inévitable « Je suis Wayne Coyne et je marche sur la foule dans un ballon géant », moment attendu de la soirée.
C’est con, c’est mégalo, mais sur des titres comme The Yeah Yeah Yeah Song ou Do You Realize?, l’effet est incontestable. On notera pour faire les rabat-joies que le retour à des ambiances plus torturées d’Embryonic colle un peu moins bien à l’ambiance Peter Pan du set, mais c’est vraiment pour ne pas vous rendre trop jaloux. Les visages illuminés par des sourires béats ne mentent pas, ce fut une bien belle journée de festival. Rendez-vous l’année prochaine ? J’y serai, je vous attends ;-)
Jim Hawkins et Long John Silver sont des crétins. Quelle idée de partir faire le tour du monde en bateau pour trouver une île au milieu de la baie de San Francisco . Il suffit de prendre le Bay Bridge, ça vous évite tout un tas de problème de pirates…
A défaut de pirates, il faut néanmoins se coltiner une autre espèce douteuse, le hipster. Échappé pour l’occasion de son Mission District de résidence, lunettes multicolores, pantalons serrés et pilosité faciale soigneusement négligée. Dès la file d’attente (où l’on essaye en plus de me vendre du space brownie), me voilà rassuré, je suis bien à San Francisco. J’espère qu’il y aura de la boue, ils auront l’air con avec leurs sandales.
Les 45 minutes d’attente pour monter dans les navettes me font craindre le pire pour la fin de soirée mais sont facilement compensés par la vue sur la skyline de San Francisco depuis à peu près n’importe où sur le site du festival. Le festival est de taille modeste (14 000 spectateurs selon les organisateurs, 0 selon la police, totalement absente du week-end), l’ambiance bon enfant, voire franchement hippie (bien aidée par une fouille pas franchement poussée à l’entrée du site) et le temps en ce 17 octobre est celui très agréable d’une fin d’été (on imagine déjà moins un festival en plein air à Chicago à cette période de l’année).
Les deux scènes, à portée d’enceintes l’une de l’autre, mais aucun concert n’étant programmé simultanément, il s’agira juste de faire les bons choix en termes de placement. Certains s’avèreront difficiles, particulièrement le dimanche, mais la possibilité de voir chacun des groupes présents est vraiment appréciable.
Après une impasse faite sur Murs (et un mauvais jeu de mot évité), j’arrive sur place peu après le début du set de Passion Pit. Après avoir déchaîné les passions avec le succès inattendu de Sleepyhead, Passion Pit a peiné à confirmer, se plaçant en sorte de MGMT bis, malgré quelques jolis moment sur album, notamment Moth’s Wings. Verdict semblable sur scène : quelques jolis moments (Sleepyhead et Moth’s Wings en tête) et une performance qui s’accorde bien à l’ambiance et au soleil californien, mais à trop vouloir être hype, le tout semble un peu vain et la voix suraigüe de Michael Angelakos tend parfois vers l’irritant. Les hipsters sont néanmoins contents, j’aurai probablement oublié Passion Pit l’année prochaine. Bonne nouvelle du concert : le son est vraiment bon.
La performance qui suit s’avère beaucoup plus mémorable. La réputation des concerts de Dan Deacon n’est plus à faire et n’est pas volée. Ne vous laissez pas avoir par son physique improbable (gros barbu dégarni et hirsute vêtu d’un jersey de hockey), Deacon est un entertainer, un vrai. Depuis la sortie de Spiderman of the Rings, le bonhomme a eu le temps de rôder son show et malgré tout ce qu’on a déjà pu en lire, la formule surprend toujours. Pour commencer, alors que Deacon a vraisemblablement bidouillé ses albums tout seul, il y a du monde sur scène : 3 percussionnistes, pas moins de 4 claviers placés en cercles, des xylophones, un type déguisé en disque rouge qui sautille et ne sert à rien. A l’image de la musique, c’est un sacré bordel. Rythmiques démentes et hurlements suraigus, accompagnés de quelques transitions mystico-tarés ("Imagine a fictional horse in the majestic heaven") font déjà bouger les pieds de manière incontrôlable.
Mais c’est lorsqu’il fait appel à la foule pour un dance contest ou un tunnel humain que les choses deviennent vraiment folles. Deacon finit le concert épuisé (il enchaînera néanmoins sur un autre concert le soir même à San Francisco) mais visiblement heureux. Le public aussi.
Après avoir, à raison, assisté à ce formidable spectacle depuis la fosse, c’est donc de loin que j’assiste à la performance de The Streets. La performance du britannique détonne un peu par rapport à l’ambiance du festival et Mike Skinner n’hésite d’ailleurs pas à placer quelques remarques bien senties sur l’accoutrement de son public. L’ami Mike aimerait aussi bien que les spectatrices tombent le haut, mais malgré ses appels répétés, aucune ne lui donnera satisfaction. Pour se venger, il n’arrête pas de parler de Sacramento. Je n’ai pas trop compris pourquoi. C’est un peu mon problème avec The Streets ; Skinner a des mélodies plutôt intéressantes, un flow cockney hilarant, place quelques répliques cultes ("I’m not fucking Bon Jovi"). Mais ce serait sans doute mieux si je comprenais ce qu’il raconte…
Une évaluation rapide me permet de classer la performance de DJ Krush dans la catégorie nullissime et il est temps d’aller voir les Brazilian Girls. Soyons concis, c’est nul. Les Brazilian Girls (qui ne compte qu’une représentante du sexe féminin et vienne de New York) sont une espèce d’horreur arty sans nom, mélangeant vaguement les genres, les styles et les langues pour en faire une infâme bouillie sans saveur. Un désastre qui culmine avec une chanson dont les paroles consiste en une répétition sans fin du refrain "Sexy Asshole" par une chanteuse en sous-vêtement sous un déguisement cœur en carton. No comment.
On oublie rapidement tout ça (et le drum’n’bass qui suit sur l’autre scène, par un duo dont j’ai déjà oublié le nom) et on recharge les batteries à coup de hot-dogs hors de prix pour les canadiens de MSTRKRFT à la tombée de la nuit. Je ne connais pas grand chose de leur œuvre et je n’ai toujours pas écouté leurs albums, mais il faut avouer que la performance des deux DJ canadiens, enflammant sans peine un dance-floor de plusieurs milliers de personnes fut plutôt enthousiasmante. Une fois sortis de sous leur table, les deux larrons donnent le ton, il va y avoir de la basse. Armés de leurs moustaches de pédophile (Justice leur doit tout) et leur bouteille de Crown Royal, les deux larrons envoient la purée et mixent les classiques (Daft Punk, Justice, Benni Benassi). Rien de franchement original, mais avec un DJ set de qualité et du gros son, difficile de ne pas se laisser emporter par l’enthousiasme général. Bohemian Rhapsody, improbable conclusion est reprise à l’unisson. Mission accomplie pour MSTRKRFT.
Pas le temps de traîner (ou de se payer un hot-dog hors de prix), Greg Gillis attaque déjà sur l’autre scène. Comme pour Dan Deacon, il y a du monde sur scène, mais ici seul Gillis, aka Girl Talk, fait quelque chose. Un quelque chose qui pourrait ressembler à une imposture puisque l’unique activité du monsieur semble être de s’agiter frénétiquement devant son MacBook. Peu importe, son mashup est tellement entrainant qu’on se laisse prendre au jeu. Le sourire béat du voisin indique généralement qu’il vient de reconnaître un sample. Gillis mélange sans retenue Jay-Z et Nirvana, Radiohead et Eurythmics… et ça marche. Ajoutez à la recette du lancer de rouleau de PQ et des ballons débiles et vous obtenez une jolie fête, à laquelle je regrette juste de ne pas avoir pu assister de plus près.
La soirée s’achève sur un dilemme : aller voir MGMT, dont la (mauvaise) réputation live n’est plus à faire et accompagner ses potes ou prendre discrètement la poudre d’escampette pour ne pas attendre des heures une place dans une navette. Merci donc à MGMT d’avoir résolu le problème avec une des plus stupides décisions live de l’année : "this is our last concert for some time, so we’re gonna play our album in the order". Parfait, donc après la 5, je peux me barrer, il n’y a plus rien. MGMT c’est 3 hits (Time to Pretend, Electric Feel et Kids). Trois très bons titres, ayant connu un tel succès, qu’appuyer sur le bouton play suffirait à rendre le public dingue. Le problème c’est que c’est grosso modo ce qui s’est passé. Le groupe est amorphe, joue ses morceaux tels quels sans rien y insuffler. Les déguisements psychés qui donnait un petit cachet à Oracular Spectacular ont été rangés au placard. Sur scène, deux types tout à fait normaux, l’air totalement dépassé. Comme prévu, je décolle dès les dernières notes de Kids retombés (et je ne suis pas le seul apparemment...).
J’ai besoin d’un peu de repos, la journée de demain s’annonce encore plus chargée.
PS : Merci à David de m'avoir rappelé que je n'avais jamais terminé cette version. Si par hasard, vous êtes en train de bosser sur un sujet important ou en révisions, je vous conseille très fortement son site, Vodkaster. Si vous êtes en vacances et que vous aimez le cinéma, c'est bien aussi.
Reste un bon single (et une vidéo WTF sympathique) où apparait bien la patte de Beck, au commande de l'album. On lui préfèrera amplement Modern Guilt, dudit Beck, grand disque mésestimé de 2008, beaucoup plus ludique.